Le harcèlement, qu’il soit moral, sexuel ou psychologique, est un fléau qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur les victimes. Malheureusement, face à cette problématique complexe, beaucoup commettent des erreurs qui aggravent la situation ou empêchent une résolution efficace. Dans cet article, nous allons explorer les 12 erreurs les plus courantes à éviter absolument lorsqu’on est confronté à une situation de harcèlement, que l’on soit victime, témoin ou proche.
📚 Table des matières
- ✅ Minimiser la gravité des faits
- ✅ Ne pas documenter les incidents
- ✅ Garder le silence par peur ou honte
- ✅ Confondre médiation et confrontation
- ✅ Négliger son bien-être psychologique
- ✅ Isoler la victime au lieu de la soutenir
- ✅ Répondre par l’agressivité
- ✅ Attendre que « ça passe tout seul »
- ✅ Ne pas connaître ses droits
- ✅ Sous-estimer l’impact des réseaux sociaux
- ✅ Croire que c’est toujours visible
- ✅ Oublier de se former sur le sujet
1. Minimiser la gravité des faits
Une des erreurs les plus fréquentes consiste à banaliser les comportements de harcèlement en les qualifiant de « blagues », « maladresses » ou « exagérations ». Cette minimisation peut venir de l’entourage (« Ce n’est pas si grave »), des responsables hiérarchiques (« Il/elle est comme ça avec tout le monde ») ou même de la victime elle-même (« Je dois être trop sensible »).
Pourtant, le harcèlement se définit précisément par la répétition d’actes ou de propos hostiles qui créent une situation intimidante, humiliante ou offensive. Même si chaque incident pris isolément peut sembler anodin, c’est leur accumulation et leur persistance qui constituent le harcèlement.
Exemple concret : Des remarques sexistes « ponctuelles » lors des réunions, si elles se répètent semaine après semaine malgré les demandes d’arrêt, constituent bien du harcèlement moral.
2. Ne pas documenter les incidents
Beaucoup de victimes ne pensent pas à conserver des preuves tangibles des faits de harcèlement, ce qui rend ensuite très difficile toute action en justice ou démarche administrative. Il est crucial de :
- Garder copies des emails, SMS, messages professionnels ou réseaux sociaux
- Noter précisément les dates, heures, lieux et témoins de chaque incident
- Envoyer des courriers recommandés pour officialiser les plaintes
- Faire constater par un médecin les impacts sur la santé (stress, anxiété, dépression)
Un dossier bien documenté renforce considérablement la crédibilité des allégations et permet de démontrer le caractère répétitif des agissements.
3. Garder le silence par peur ou honte
La honte, la culpabilité ou la crainte des représailles poussent de nombreuses victimes à taire leur calvaire. Pourtant, le silence est le meilleur allié du harceleur. Briser l’isolement est une étape indispensable :
- En parler à un proche de confiance permet de sortir de la solitude
- Signaler les faits à un supérieur hiérarchique ou aux RH est souvent nécessaire
- Contacter une association spécialisée (comme le 3020 pour le harcèlement scolaire) apporte un soutien expert
Rappel : En France, le harcèlement est un délit pénal (articles 222-33-2 et suivants du Code pénal) et peut donner lieu à des sanctions disciplinaires dans le cadre professionnel.
4. Confondre médiation et confrontation
Certaines organisations proposent des médiations entre harceleur et harcelé, ce qui peut être contre-productif voire dangereux :
- La médiation suppose des parties de bonne foi, ce qui est rarement le cas dans le harcèlement
- Elle peut mettre la victime en position de faiblesse face à son agresseur
- Elle risque de normaliser des comportements inacceptables
Une approche plus adaptée consiste à :
- Former les managers à identifier et traiter les situations de harcèlement
- Mettre en place des procédures claires de signalement
- Protéger la victime pendant l’enquête (changement de service, arrêt maladie si nécessaire)
5. Négliger son bien-être psychologique
Le harcèlement a des impacts profonds sur la santé mentale : anxiété, dépression, troubles du sommeil, perte d’estime de soi… Pourtant, beaucoup tardent à consulter un professionnel. Or :
- Un psychologue peut aider à surmonter le traumatisme
- Un arrêt de travail peut être nécessaire pour se reconstruire
- Des techniques comme l’EMDR sont efficaces contre le stress post-traumatique
Prendre soin de sa santé psychique n’est pas un luxe mais une nécessité pour retrouver un équilibre.
6. Isoler la victime au lieu de la soutenir
L’entourage a parfois des réactions contre-productives :
- Éviter la victime par gêne ou peur d’être impliqué
- Remettre en question son récit (« Es-tu sûr(e) de ne pas mal interpréter ? »)
- Lui reprocher de ne pas « se défendre assez »
Au contraire, un soutien efficace passe par :
- Écouter sans juger
- Valider ses ressentis (« Je te crois »)
- L’accompagner dans ses démarches
- Maintenir le contact social
7. Répondre par l’agressivité
Certaines victimes, à bout, répliquent violemment aux attaques. Cette stratégie est risquée car :
- Elle peut retourner la situation contre la victime (« C’est lui/elle qui est agressif(ve) »)
- Elle alimente le cycle de la violence
- Elle peut conduire à des sanctions disciplinaires
Il est préférable de :
- Rester calme et professionnel
- Exprimer clairement son désaccord (« Je ne tolère pas ce langage »)
- Privilégier les canaux officiels de plainte
8. Attendre que « ça passe tout seul »
Espérer que le harceleur change de comportement spontanément est une illusion dangereuse. Sans intervention extérieure :
- Les comportements hostiles s’aggravent généralement
- La situation devient de plus en plus toxique
- La santé de la victime se dégrade
Il faut agir rapidement :
- Dès les premiers signes répétés, exprimer son malaise
- Si cela persiste, escalader la plainte
- Ne pas hésiter à changer de service ou d’établissement si nécessaire
9. Ne pas connaître ses droits
Beaucoup ignorent les protections légales existantes :
- Dans l’entreprise : alerter les représentants du personnel, le CSE, l’inspection du travail
- À l’école : protocoles de traitement du harcèlement scolaire
- Sur internet : signalement des contenus, plainte pour cyberharcèlement
Des recours existent : prud’hommes, plainte pénale, action en discrimination… Se renseigner auprès d’un avocat ou des associations spécialisées.
10. Sous-estimer l’impact des réseaux sociaux
Le cyberharcèlement est particulièrement insidieux :
- Il envahit l’espace privé via smartphones et ordinateurs
- Il peut être anonyme ou impliquer de nombreux harceleurs
- Les contenus se propagent rapidement et sont difficiles à effacer
Mesures concrètes :
- Paramétrer strictement ses comptes
- Bloquer les harceleurs
- Signaler les contenus aux plateformes
- Porter plainte pour harcèlement en ligne (délit spécifique)
11. Croire que c’est toujours visible
Le harcèlement n’est pas toujours spectaculaire. Il peut prendre des formes subtiles :
- Exclusion systématique des réunions importantes
- Surcharge de travail ciblée
- Remarques apparemment anodines mais répétées
- Sabotage discret du travail
Ces « micro-agressions » cumulées sont tout aussi destructrices que des attaques frontales.
12. Oublier de se former sur le sujet
La méconnaissance du phénomène empêche sa prévention :
- Les entreprises doivent former leurs managers
- Les écoles doivent éduquer les élèves
- Chacun devrait connaître les signaux d’alerte
Ressources utiles :
- Formations en ligne sur le harcèlement moral
- Ateliers de gestion des conflits
- Sensibilisation à la communication non-violente
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