4 erreurs à éviter avec autisme

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L’autisme est un trouble neurodéveloppemental complexe qui se manifeste différemment chez chaque individu. Malgré une meilleure compréhension ces dernières années, de nombreuses idées reçues et erreurs persistent dans la manière d’aborder et d’accompagner les personnes autistes. Ces méconnaissances peuvent avoir des conséquences néfastes sur leur bien-être et leur développement.

Dans cet article, nous allons détailler 4 erreurs fréquentes à éviter absolument lorsque vous interagissez avec une personne autiste ou que vous participez à son accompagnement. Que vous soyez parent, enseignant, professionnel de santé ou simplement soucieux de mieux comprendre, ces insights vous aideront à adopter une approche plus adaptée et bienveillante.

📚 Table des matières

4 erreurs à éviter

1. Nier les particularités sensorielles

Les particularités sensorielles sont l’un des aspects les plus marquants et pourtant les plus négligés de l’autisme. Environ 90% des personnes autistes présentent des particularités de traitement sensoriel, qui peuvent se manifester par des hypersensibilités (certains sons, textures ou lumières deviennent insupportables) ou des hyposensibilités (besoin de stimulations intenses).

Exemple concret : Un enfant qui se bouche constamment les oreilles en classe ne fait pas un « caprice » – il peut littéralement souffrir du bruit des stylos sur le papier ou de la climatisation, perçus comme des marteaux-piqueurs. Forcer à supporter ces stimuli sans aménagement provoque un stress intense pouvant mener à l’épuisement ou au meltdown.

Solutions :

  • Repérer les déclencheurs sensoriels problématiques (auditifs, tactiles, visuels…)
  • Proposer des outils d’adaptation (casque anti-bruit, vêtements sans étiquettes, lumière tamisée)
  • Créer des espaces de retrait calmes et apaisants
  • Respecter les besoins sensoriels sans jugement

2. Vouloir « normaliser » à tout prix

Une erreur fréquente consiste à considérer les comportements autistiques comme des « défauts » à corriger, plutôt que comme des différences neurologiques à accommoder. Cette approche, souvent motivée par de bonnes intentions, peut être extrêmement nocive pour l’estime de soi et le développement de la personne.

Cas typique : Forcer un enfant à établir un contact oculaire alors que cela lui demande un effort cognitif énormis et perturbe sa capacité à écouter. La recherche montre que de nombreux autistes écoutent mieux sans regarder dans les yeux.

Approche alternative :

  • Valoriser les forces et intérêts spécifiques plutôt que de focaliser sur les « déficits »
  • Accepter les modes d’expression différents (mouvements répétitifs, langage particulier…)
  • Adapter les attentes sociales sans imposer de normes neurotypiques
  • Privilégier le bien-être à la conformité extérieure

Des études démontrent que les tentatives de suppression forcée des comportements autistiques augmentent les risques d’anxiété, de dépression et de perte d’identité à l’âge adulte.

3. Sous-estimer les capacités intellectuelles

Un préjugé tenace associe autisme et déficience intellectuelle. Pourtant, l’autisme existe à tous les niveaux de QI, et de nombreuses personnes autistes ont une intelligence moyenne ou supérieure. Le problème réside souvent dans les difficultés de communication qui masquent leurs réelles capacités.

Exemple révélateur : Un adolescent non-verbal peut être considéré comme ayant une déficience intellectuelle alors qu’il maîtrise parfaitement la lecture et possède des connaissances encyclopédiques sur son sujet de prédilection. Sans moyen adapté pour s’exprimer (clavier, pictogrammes…), son potentiel reste invisible.

Recommandations :

  • Ne jamais présumer des capacités à partir des apparences ou du niveau de langage
  • Proposer systématiquement des moyens alternatifs d’expression et d’apprentissage
  • Éviter le langage infantilisant avec les adultes autistes
  • Reconnaître les formes d’intelligence non verbale (visuelle, spatiale, logique…)

Des outils comme les tests d’intelligence non verbale ou les évaluations dynamiques permettent souvent de révéler des capacités insoupçonnées.

4. Ignorer la communication alternative

Environ 30% des personnes autistes ne développent pas de langage oral ou ont une parole très limitée. Pourtant, l’absence de parole ne signifie pas absence de pensée. Négliger les systèmes de communication alternative est une erreur majeure qui isole et frustre.

Technologies sous-utilisées : Les tablettes avec synthèse vocale, les langages pictographiques (PECS), la langue des signes adaptée ou même l’écriture permettent à beaucoup de s’exprimer pleinement. Des méthodes comme la communication facilitée (avec accompagnement physique) ont permis à certains autistes non verbaux de révéler une pensée complexe et poétique.

Mise en pratique :

  • Introduire très tôt des supports visuels même si un début de langage existe
  • Ne pas attendre que la parole « vienne seule » avant de proposer des alternatives
  • Former tous les intervenants (famille, école, soignants) à ces méthodes
  • Respecter tous les modes d’expression, y compris les comportements (certains cris ou gestes sont des tentatives de communication)

Des témoignages bouleversants d’autistes non verbaux ayant accédé à l’écriture révèlent combien ils étaient conscients de tout, mais prisonniers de leur corps non coopératif pendant des années.

En conclusion, éviter ces 4 erreurs majeures permet de construire une relation plus respectueuse et épanouissante avec les personnes autistes. L’essentiel est d’abandonner les préjugés, d’observer finement les besoins individuels et de faire preuve de flexibilité dans nos approches. Chaque autiste est unique, et c’est à nous de nous adapter à leur monde autant qu’on leur demande de s’adapter au nôtre.

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