Les différentes formes de posture et humeur

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Vous êtes-vous déjà surpris à marcher la tête haute après une réussite, ou au contraire, à vous avancer courbé sous le poids d’une mauvaise journée ? Notre corps et notre esprit sont bien plus liés qu’il n’y paraît. La posture que nous adoptons n’est pas qu’une simple affaire de colonne vertébrale ; c’est le reflet tangible de notre état intérieur, une fenêtre ouverte sur notre humeur du moment. Mais cette relation est loin d’être à sens unique. Si notre humeur influence notre posture, l’inverse est tout aussi vrai : adopter une posture peut littéralement forger notre état émotionnel. Cet article plonge au cœur de cette danse complexe et fascinante entre le corps et l’esprit, explorant les multiples facettes de nos postures et les humeurs qu’elles trahissent ou qu’elles génèrent.

📚 Table des matières

posture et humeur

La posture de confiance et l’humeur expansive

La posture de confiance est peut-être la plus reconnaissable et la plus étudiée. Popularisée par la fameuse « posture de Wonder Woman » – pieds écartés à la largeur des hanches, mains sur les hanches, menton légèrement relevé et poitrine ouverte – elle est le non-verbal de la puissance et de l’assurance. Sur le plan physiologique, cette posture expansive déclenche des changements hormonaux mesurables. Des recherches, notamment celles d’Amy Cuddy, ont montré que maintenir une telle posture pendant seulement deux minutes entraîne une augmentation significative du taux de testostérone (l’hormone associée à la dominance) et une diminution du cortisol (l’hormone du stress). Psychologiquement, cela se traduit par une humeur plus expansive, optimiste et prête à relever des défis. La personne se sent plus grande, plus présente, et son humeur devient contagieuse. Elle est plus susceptible de prendre la parole en public, de défendre ses idées ou de saisir une opportunité. C’est une posture proactive qui, littéralement, prépare le corps et l’esprit à l’action et à la réussite.

La posture fermée et l’humeur défensive ou anxieuse

À l’opposé du spectre se trouve la posture fermée. Elle se caractérise par un effondrement du corps sur lui-même : épaules rentrées vers l’avant, bras croisés fermement sur la poitrine ou mains serrées, jambes croisées, tête baissée et regard fuyant. Cette posture est un mécanisme de protection archaïque. Physiquement, elle cherche à protéger les organes vitaux de la poitrine et du ventre. Psychologiquement, elle est le signe d’une humeur défensive, anxieuse, stressée ou même méfiante. La personne se replie sur elle-même pour se créer une barrière contre une menace perçue, qu’elle soit physique (un environnement hostile) ou sociale (une critique, un jugement). Cette position envoie un signal clair de non-disponibilité et de fermeture à l’interaction. Sur le plan émotionnel, elle peut amplifier les sentiments de vulnérabilité et d’anxiété en créant une boucle de rétroaction négative : je me sens mal, donc je me recroqueville, et me recroqueviller me fait me sentir encore plus mal et plus isolé.

La posture avachie et l’humeur dépressive

La posture avachie, souvent confondue avec une simple mauvaise habitude ergonomique, est profondément liée à l’humeur dépressive. Il ne s’agit pas d’un croisement occasionnel des bras, mais d’un affaissement généralisé de toute la structure corporelle : colonne vertébrale courbée en « C », épaules tombantes, tête lourdement penchée vers l’avant, regard fixé au sol. Le corps semble lutter contre une force gravitationnelle accrue. Cette posture est l’incarnation physique de la lassitude, du découragement et de la tristesse profonde. D’un point de vue neurologique, cette position courbée limite la capacité respiratoire, réduisant l’oxygénation du cerveau et pouvant ainsi renforcer les pensées négatives et le manque d’énergie. Elle est à la fois un symptôme et un facteur aggravant d’une humeur dépressive. Le monde est littéralement perçu d’en bas, through a diminished lens, ce qui renforce le sentiment d’impuissance et de désespoir. Briser cette posture est souvent l’une des premières étapes dans la thérapie comportementale pour la dépression.

La posture attentive et l’humeur concentrée

L’humeur de concentration intense a elle aussi sa propre signature posturale. Il s’agit d’une posture dynamique et engagée, bien différente de la raideur statique. Le corps est légèrement penché vers l’avant, signe d’un intérêt et d’une absorption dans la tâche ou la conversation. La colonne vertébrale est droite mais pas rigide, permettant une respiration calme et profonde qui oxygène le cerveau. Le menton est souvent appuyé sur la main, les sourcils peuvent être légèrement froncés, et le regard est fixe et intense, mais sans tension excessive. Cette posture minimise les distractions externes et canalise toute l’énergie cognitive vers un point focal. L’humeur qui en découle est une combinaison de calme et d’alerte, de sérénité et d’engagement. C’est l’état de « flow » postural, où le corps et l’esprit sont parfaitement alignés vers un objectif commun. On l’observe chez le chirurgien en opération, l’artiste absorbé par son œuvre ou l’étudiant résolvant un problème complexe.

La posture d’impatience et l’humeur irritable

L’impatience et l’irritabilité se manifestent par une posture pleine de micro-mouvements et de tensions contenues. Il ne s’agit pas d’un repos mais d’une activité frénétique et improductive. Les signes sont multiples et évocateurs : tapotement incessant des doigts sur une table, balancement rapide du pied, déplacement du poids du corps d’une jambe sur l’autre, regards fréquents vers une horloge ou une sortie, soupirs profonds et exagérés. Le corps est en alerte et exprime un désir intense de passer à l’action ou de changer de situation. Cette agitation motrice est le débordement physique d’une humeur irritable et frustrée. Le système nerveux sympathique est activé (prêt au combat ou à la fuite), mais l’action est bloquée, ce qui crée une tension interne qui doit s’évacuer par ces mouvements parasites. Cette posture communique non seulement l’état interne de la personne mais peut aussi augmenter sa propre sensation d’impatience, créant un cycle où l’agitation corporelle nourrit l’agitation mentale.

Comment utiliser la posture pour réguler son humeur

La psychologie contemporaine, notamment les thérapies cognitivo-comportementales et la pleine conscience, reconnaît de plus en plus le pouvoir de la posture comme outil de régulation émotionnelle. Il ne s’agit pas de « faire semblant » jusqu’à y arriver, mais d’utiliser le corps pour envoyer des signaux rassurants et positifs au cerveau. Voici comment procéder concrètement. Premièrement, prenez conscience de votre posture actuelle. Sans jugement, observez la position de vos épaules, l’incurvation de votre dos, l’expression de votre visage. Ce simple acte de conscience est déjà un premier pas. Ensuite, si vous identifiez une posture fermée ou avachie, pratiquez délibérément une expansion. Levez les bras vers le ciel dans un grand étirement, redressez votre colonne vertébrale en imaginant un fil qui vous tire vers le haut depuis le sommet de votre crâne, ouvrez votre poitrine en ramenant vos épaules vers l’arrière et vers le bas. Maintenez cette position pendant au moins deux minutes, en respirant profondément. Les études en psychologie montrent que ce laps de temps est suffisant pour initier des changements hormonaux. Troisièmement, soignez votre posture dans les interactions quotidiennes. Lors d’une conversation stressante, au lieu de vous recroqueviller, ancrez vos pieds au sol et adoptez une position stable et ouverte. Vous envoyez un message de confiance à votre interlocuteur et, plus important encore, à votre propre cerveau. Enfin, intégrez des pratiques comme le yoga, le tai-chi ou la méthode Alexander, qui cultivent une conscience posturale fine et une alignment corps-esprit. En agissant sur votre posture, vous détenez une clé puissante pour influencer volontairement votre paysage émotionnel.

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