Gérer l’incertitude en période de crise

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Dans un monde en perpétuel changement, l’incertitude est devenue une compagne quotidienne, surtout en période de crise. Qu’il s’agisse d’une pandémie, d’une instabilité économique ou d’un bouleversement personnel, cette sensation d’instabilité peut générer anxiété, stress et paralysie. Pourtant, apprendre à gérer l’incertitude est non seulement possible, mais essentiel pour préserver notre bien-être mental et émotionnel. Cet article explore en profondeur les mécanismes psychologiques de l’incertitude et propose des stratégies concrètes pour y faire face avec résilience.

📚 Table des matières

Gérer l’incertitude en période

Comprendre les mécanismes psychologiques de l’incertitude

L’incertitude active des zones spécifiques du cerveau, notamment l’amygdale, responsable des réactions de peur. Une étude de l’Université de Harvard (2020) a montré que l’anticipation d’un événement négatif inconnu génère plus de stress que l’événement lui-même lorsqu’il est certain. Ce phénomène s’explique par notre besoin inné de prévisibilité, hérité de nos ancêtres pour survivre. En situation de crise, ce biais cognitif peut nous pousser à surévaluer les risques et à imaginer des scénarios catastrophiques. La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) propose de reconnaître cette réaction naturelle sans la combattre, ce qui paradoxalement, réduit son intensité.

L’impact émotionnel de l’incertitude prolongée

Lorsque l’incertitude se prolonge, elle peut mener à un état de « fatigue décisionnelle ». Un exemple marquant est celui des soignants pendant la COVID-19, confrontés quotidiennement à des protocoles changeants. Selon une enquête de l’INSERM, 68% ont rapporté des symptômes d’épuisement liés à cette instabilité. Les émotions dominantes varient souvent entre colère (face à l’impuissance), tristesse (pour ce qui est perdu) et peur (de l’avenir). Le modèle transthéorique de Prochaska suggère que traverser ces phases est nécessaire pour aboutir à l’acceptation. Des outils comme le journal émotionnel permettent de cartographier ces états sans se laisser submerger.

Stratégies cognitives pour réduire l’anxiété

La restructuration cognitive, issue des TCC, est particulièrement efficace. Elle consiste à identifier les pensées automatiques (« Je ne m’en sortirai jamais ») pour les remplacer par des alternatives plus réalistes (« J’ai surmonté des défis par le passé »). Une technique puissante est la « tolérance à l’ambiguïté », développée par le psychiatre américain David Barlow. Par exemple, s’entraîner à supporter volontairement de petites incertitudes (comme ne pas vérifier ses emails pendant une heure) renforce progressivement cette capacité. Les exercices de pleine conscience, en ancrant dans le présent, empêchent aussi la rumination mentale sur le futur.

Techniques comportementales pour reprendre le contrôle

Agir sur ce qui est maîtrisable crée un sentiment d’agentivité. La méthode des « petits pas » préconise de diviser les défis en micro-actions concrètes. Par exemple, pendant un licenciement collectif, plutôt que de se focaliser sur « retrouver un emploi », on peut se fixer : « mettre à jour mon CV d’ici demain ». La routine joue également un rôle stabilisateur : se lever à heure fixe, planifier des pauses régulières. Une étude de l’Université de Tel-Aviv (2021) a démontré que les personnes maintenaient des rituels simples (comme un café matinal) préservaient mieux leur santé mentale en temps de crise.

Cultiver la résilience à long terme

La résilience n’est pas innée mais se construit. Le psychologue Boris Cyrulnik insiste sur le concept de « tuteur de développement » : une personne ou une activité qui sert de point d’ancrage (un mentor, une passion artistique). Développer une « mentalité de croissance » (Carol Dweck) permet aussi de voir les crises comme des opportunités d’apprentissage. Par exemple, après un échec professionnel, analyser : « Quelles compétences cette expérience m’a-t-elle apportées ? ». Les recherches en psychologie positive montrent que pratiquer régulièrement la gratitude (tenir un carnet des choses positives même minimes) renforce la capacité à faire face aux aléas.

L’importance du soutien social

L’isolement aggrave la perception de l’incertitude. Les groupes de parole, même virtuels, offrent une validation émotionnelle cruciale. Une méta-analyse publiée dans The Lancet (2022) révèle que le simple fait de partager ses inquiétudes réduit l’activité du cortex cingulaire antérieur, zone liée à la détresse. Les aidants doivent cependant éviter les phrases du type « Tout ira bien », qui nient la complexité des émotions. Préférer : « Je vois que c’est dur, je suis là ». Les communautés en ligne centrées sur des intérêts communs (comme des groupes de reconversion professionnelle) peuvent aussi servir de filet social lorsque les réseaux habituels sont fragilisés.

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