Dans le paysage des thérapies psychologiques contemporaines, deux approches suscitent un intérêt croissant : l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) et les thérapies centrées sur les relations. Bien que ces méthodes partagent l’objectif d’améliorer le bien-être mental, leurs fondements théoriques, leurs mécanismes d’action et leurs applications pratiques diffèrent considérablement. Cet article approfondi vous propose une analyse comparative détaillée pour vous aider à comprendre ces différences essentielles et à identifier l’approche la plus adaptée à vos besoins.
📚 Table des matières
- ✅ Comprendre l’EMDR : une thérapie centrée sur le trauma
- ✅ Les thérapies relationnelles : explorer les dynamiques interpersonnelles
- ✅ Mécanismes d’action : comment ces approches fonctionnent-elles ?
- ✅ Indications principales : à qui s’adressent ces thérapies ?
- ✅ Durée et structure des séances : comparaison pratique
- ✅ Intégration possible : peut-on combiner EMDR et approche relationnelle ?
Comprendre l’EMDR : une thérapie centrée sur le trauma
Développée à la fin des années 1980 par Francine Shapiro, l’EMDR est une approche thérapeutique spécialement conçue pour traiter les souvenirs traumatiques non résolus. Contrairement aux thérapies traditionnelles qui reposent principalement sur la parole, l’EMDR intègre une stimulation bilatérale (mouvements oculaires, tapotements ou sons alternés) pour faciliter le retraitement des mémoires dysfonctionnelles.
Le protocole EMDR suit huit phases bien définies :
- Histoire du patient et plan de traitement
- Préparation et stabilisation
- Évaluation (identification de la cible et des cognitions négatives)
- Désensibilisation (stimulation bilatérale)
- Installation de la cognition positive
- Scan corporel
- Clôture
- Réévaluation
Cette méthode montre une efficacité particulière pour les troubles post-traumatiques (TSPT), avec des taux de réussite avoisinant 77-90% selon les études. Un exemple concret : un patient souffrant de flashbacks après un accident de voiture pourrait, en quelques séances d’EMDR, voir ces souvenirs perdre leur charge émotionnelle intense et s’intégrer de manière adaptative dans sa mémoire autobiographique.
Les thérapies relationnelles : explorer les dynamiques interpersonnelles
Les approches relationnelles englobent diverses méthodes (thérapie systémique, psychodynamique interpersonnelle, analyse transactionnelle) qui considèrent les difficultés psychologiques comme résultant principalement de schémas relationnels dysfonctionnels acquis dans l’enfance et réactivés dans les relations actuelles.
Contrairement à l’EMDR qui cible des souvenirs spécifiques, les thérapies relationnelles :
- Examinent les patterns répétitifs dans les relations
- Travaillent sur l’attachement et les modèles internes opérants
- Utilisent la relation thérapeutique comme microcosme des relations extérieures
- Favorisent la mentalisation (compréhension des états mentaux de soi et d’autrui)
Par exemple, une personne ayant constamment peur d’être abandonnée pourrait, en thérapie relationnelle, explorer comment cette crainte influence ses comportements actuels et travailler à développer des attachements plus sécures. La durée est généralement plus longue qu’en EMDR, avec des processus thérapeutiques s’étalant souvent sur plusieurs mois voire années.
Mécanismes d’action : comment ces approches fonctionnent-elles ?
L’EMDR agit principalement sur le système de traitement de l’information du cerveau. La stimulation bilatérale faciliterait :
- La connexion entre les hémisphères cérébraux
- L’intégration des souvenirs traumatiques dans la mémoire explicite
- La désactivation de l’amygdale (centre de la peur)
- La réactivation de la capacité naturelle du cerveau à digérer les expériences
Les neurosciences montrent que l’EMDR modifie effectivement l’encodage des souvenirs traumatiques au niveau neuronal, avec une réduction observable de l’activité dans les zones émotionnelles du cerveau lors du rappel du trauma après traitement.
À l’inverse, les thérapies relationnelles opèrent par :
- La création d’une nouvelle expérience relationnelle corrective
- La restructuration cognitive des schémas interpersonnels
- L’augmentation de la capacité à mentaliser
- La modification des modèles internes d’attachement
Les recherches en imagerie cérébrale suggèrent que ces thérapies induisent des changements structurels dans les réseaux neuronaux impliqués dans la cognition sociale et la régulation émotionnelle.
Indications principales : à qui s’adressent ces thérapies ?
L’EMDR est particulièrement indiqué pour :
- Le trouble de stress post-traumatique (TSPT)
- Les traumatismes simples (accident, agression ponctuelle)
- Certaines phobies spécifiques
- Les deuils compliqués
- Certaines formes de douleur chronique d’origine psychogène
Les contre-indications incluent les troubles psychotiques actifs, certaines conditions neurologiques et une capacité limitée à tolérer la détresse émotionnelle.
Les thérapies relationnelles conviennent mieux pour :
- Les troubles de la personnalité (notamment borderline)
- Les difficultés relationnelles chroniques
- Les troubles de l’attachement
- Certaines formes de dépression liée aux relations
- Les problématiques de couple et familiales
Elles peuvent être moins adaptées pour les crises aiguës nécessitant une stabilisation rapide.
Durée et structure des séances : comparaison pratique
L’EMDR se caractérise par :
- Des séances typiquement de 60 à 90 minutes
- Un nombre limité de séances (souvent entre 3 et 12 pour un trauma unique)
- Une structure très protocolisée
- Un focus sur des cibles spécifiques identifiées au préalable
Les thérapies relationnelles présentent :
- Des séances généralement de 45 à 60 minutes
- Une durée plus longue (plusieurs mois à années)
- Une structure plus flexible adaptée à l’évolution de la relation thérapeutique
- Un focus sur les processus plutôt que sur des contenus spécifiques
Le choix dépendra donc à la fois de la nature des difficultés et des préférences personnelles concernant la durée et le style thérapeutique.
Intégration possible : peut-on combiner EMDR et approche relationnelle ?
De nombreux thérapeutes intègrent judicieusement ces deux approches :
- Utiliser l’EMDR pour traiter des souvenirs traumatiques spécifiques avant d’engager un travail relationnel plus profond
- Employer des techniques relationnelles pour stabiliser le patient avant un protocole EMDR
- Alterner les modalités selon les phases du traitement
- Combiner les approches dans les cas de trauma complexe
Cette intégration nécessite toutefois une formation approfondie du thérapeute dans les deux approches. Certains modèles hybrides comme la thérapie des schémas intègrent d’ailleurs des éléments des deux perspectives.
En conclusion, le choix entre EMDR et thérapie relationnelle dépendra principalement de la nature des difficultés (trauma discret vs problématiques relationnelles chroniques), des objectifs thérapeutiques et des préférences personnelles. Une évaluation approfondie par un professionnel qualifié reste essentielle pour déterminer l’approche la plus adaptée à chaque situation individuelle.
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