Les mythes sur deuil démystifiés

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Le deuil est un processus universel, pourtant entouré d’idées reçues qui peuvent nuire à son bon déroulement. Dans cet article, nous allons démystifier les mythes les plus répandus sur le deuil pour mieux comprendre cette expérience humaine complexe et souvent mal comprise.

📚 Table des matières

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Mythe 1 : Le deuil suit un processus linéaire en 5 étapes

Le modèle des 5 étapes du deuil (déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) de Kübler-Ross est souvent mal interprété. En réalité, le deuil est un processus hautement individuel et non linéaire. Les personnes endeuillées peuvent vivre ces étapes dans un ordre différent, en sauter certaines, ou y revenir plusieurs fois. Des recherches récentes montrent que la plupart des gens ne suivent pas ce schéma rigide. Par exemple, une étude de 2007 publiée dans le Journal of the American Medical Association a révélé que l’acceptation était l’émotion la plus fréquente dès le début du deuil, tandis que le déni était rarement observé.

Mythe 2 : Il faut « tourner la page » rapidement

La pression sociale à « passer à autre chose » peut être extrêmement nocive. Le deuil n’a pas de date d’expiration. Chaque personne a son propre rythme, influencé par la nature de la perte, sa relation avec le défunt, son histoire personnelle et ses mécanismes de coping. Des recherches en thanatologie montrent que tenter de précipiter le processus peut conduire à un deuil compliqué ou retardé. Un exemple marquant est celui des parents ayant perdu un enfant, qui peuvent mettre des années à trouver un nouvel équilibre, sans que cela ne soit pathologique.

Mythe 3 : Pleurer est un signe de faiblesse

Cette croyance toxique, particulièrement ancrée dans certaines cultures masculines, peut entraver le processus naturel de deuil. Les larmes ont en réalité une fonction biologique et psychologique importante. Elles contiennent des hormones de stress et permettent une libération émotionnelle salutaire. Une étude de l’Université du Minnesota a montré que pleurer active le système nerveux parasympathique, aidant à retrouver un état de calme. Les personnes qui s’autorisent à pleurer ont généralement un processus de deuil plus sain que celles qui répriment leurs émotions.

Mythe 4 : Le deuil dure environ un an

Ce délai arbitraire vient souvent des politiques des entreprises qui accordent un an de congé de deuil. En réalité, le deuil n’a pas de durée standard. Une étude longitudinale de l’Université Yale a suivi des veufs pendant 10 ans et a constaté que 15% d’entre eux présentaient encore des symptômes significatifs de deuil après cette période. Le deuil ne se « termine » pas vraiment, il évolue. La douleur aiguë laisse place à une relation différente avec le souvenir du défunt, mais les dates anniversaires ou certains déclencheurs peuvent raviver temporairement la souffrance même des années après.

Mythe 5 : Il faut éviter de parler du défunt

Beaucoup craignent d’évoquer la personne disparue par peur de « réveiller la douleur ». Pourtant, pour la plupart des personnes en deuil, parler du défunt est thérapeutique. Cela permet de maintenir un lien symbolique et d’intégrer la perte dans son histoire de vie. Des techniques comme la « thérapie de la vie continue » encouragent activement ces échanges. Un exemple poignant est celui des familles qui créent des rituels pour célébrer l’anniversaire du défunt, partageant des souvenirs qui maintiennent son existence dans le présent plutôt que de le confiner au passé.

Mythe 6 : Les enfants ne comprennent pas le deuil

Les enfants vivent le deuil différemment des adultes, mais ils le comprennent parfaitement à leur niveau. Les protéger de la réalité de la mort peut en fait créer plus d’anxiété. Les spécialistes recommandent d’utiliser des mots simples et concrets, d’encourager les questions et d’accepter que leur deuil puisse s’exprimer par le jeu ou des changements de comportement plutôt que par des mots. Une étude du Center for Grieving Children a montré que les enfants qui participent aux rituels funéraires adaptés à leur âge ont moins de difficultés à long terme que ceux qui en sont exclus.

Mythe 7 : Le deuil doit être vécu seul

L’isolement est l’un des plus grands risques pour les personnes en deuil. Pourtant, notre société individualiste pousse souvent à vivre son chagrin en privé. Les groupes de soutien, les cercles de parole et même les simples présences silencieuses sont cruciaux. Les neurosciences montrent que le soutien social active les systèmes de régulation de la douleur dans le cerveau. Dans certaines cultures, comme en Irlande avec les « wakes », ou au Mexique avec le Jour des Morts, le deuil est une expérience collective qui semble faciliter le processus d’acceptation.

En conclusion, démystifier ces mythes permet de mieux accompagner les personnes en deuil et de vivre son propre deuil avec plus de bienveillance envers soi-même. Le deuil est une expérience profondément humaine qui mérite d’être comprise dans toute sa complexité.

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