La communication non violente (CNV) est un outil puissant pour améliorer nos relations, mais elle est souvent mal comprise ou mal appliquée. Dans cet article, nous allons explorer les erreurs courantes que les gens commettent lorsqu’ils tentent de mettre en pratique cette approche, et comment les éviter pour une communication plus authentique et efficace.
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Confondre CNV avec éviter les conflits
Une erreur majeure consiste à croire que la communication non violente signifie éviter tout désaccord ou confrontation. En réalité, la CNV ne supprime pas les conflits – elle fournit des outils pour les exprimer de manière constructive. Par exemple, dire « Je ne veux pas en parler » par peur du conflit n’est pas de la CNV. La vraie CNV serait plutôt : « Je me sens tendu quand nous abordons ce sujet, j’ai besoin d’un moment pour réfléchir avant d’en discuter calmement. »
La CNV authentique reconnaît les tensions mais les aborde avec empathie et honnêteté plutôt que de les fuir. Cela demande du courage pour exprimer ses véritables sentiments tout en restant ouvert à l’autre.
Nier ses propres émotions
Beaucoup appliquent la CNV en se concentrant uniquement sur l’autre personne, tout en ignorant ou minimisant leurs propres ressentis. Par exemple : « Je sais que tu es fatigué, donc je ne dirai rien sur mon besoin d’aide. » Cette approche crée un déséquilibre et finit par générer du ressentiment.
La CNV saine implique de reconnaître pleinement ses émotions : « Je ressens de la frustration parce que j’ai besoin de soutien dans les tâches ménagères, tout en comprenant que tu es fatigué. Comment pourrions-nous trouver un équilibre ? » C’est cet équilibre entre expression de soi et considération pour l’autre qui caractérise une CNV mature.
Formuler des demandes comme des exigences
Un piège courant est de transformer les demandes CNV en exigences déguisées. Par exemple : « J’ai besoin que tu ranges ta chambre immédiatement » (même si c’est formulé avec « besoin ») reste une exigence. La vraie CNV laisserait place au dialogue : « Je me sens stressé par le désordre, j’aimerais qu’on trouve ensemble une solution pour garder les espaces communs rangés. Qu’en penses-tu ? »
La différence cruciale est dans l’ouverture à la négociation et au refus possible. Une demande CNV authentique accepte que l’autre puisse avoir des besoins différents et cherche un terrain d’entente.
Ignorer les besoins de l’autre
Certains utilisent la CNV de manière unilatérale, en se concentrant uniquement sur leurs propres besoins sans véritablement écouter ou valider ceux de leur interlocuteur. Par exemple : « Je me sens ignoré quand tu regardes ton téléphone pendant que je parle, j’ai besoin de toute ton attention » sans se demander pourquoi l’autre agit ainsi.
Une approche plus équilibrée serait : « Je me sens ignoré quand tu regardes ton téléphone. J’ai besoin de me sentir écouté. Est-ce qu’il y a une raison particulière pour laquelle tu consultes ton téléphone en ce moment ? Peut-être que toi aussi tu as des besoins à ce sujet ? » Cette ouverture crée un véritable dialogue.
Utiliser la CNV comme technique de manipulation
Certaines personnes apprennent les formulations CNV non pour communiquer authentiquement, mais comme outil pour obtenir ce qu’elles veulent. Par exemple : « Je me sens tellement triste quand tu ne fais pas ce que je demande » peut être une manipulation émotionnelle déguisée en CNV.
La CNV authentique vient d’une intention pure de connexion, pas de contrôle. Elle reconnaît que les besoins des deux parties sont également importants. Une formulation plus honnête serait : « Je me sens triste quand cette situation se produit, et je me demande si nous pourrions trouver une solution qui respecte nos besoins à tous les deux. »
Oublier l’écoute active
Beaucoup se concentrent tellement sur l’expression de leurs propres sentiments et besoins qu’ils négligent l’écoute profonde de l’autre. La CNV n’est pas un monologue bien formulé, mais un dialogue où l’on alterne entre expression sincère et écoute empathique.
Par exemple, après avoir exprimé son point de vue, une personne pratiquant bien la CNV dirait : « Maintenant, j’aimerais vraiment comprendre ce que tu ressens à ce sujet. Peux-tu me parler de ce qui est important pour toi dans cette situation ? » Cette alternance est essentielle.
Se limiter aux mots sans travailler sur soi
La plus subtile des erreurs est d’utiliser les formulations CNV sans véritable travail intérieur. On peut dire tous les « je me sens… parce que j’ai besoin de… » du monde, si c’est fait mécaniquement sans connexion réelle avec ses émotions, l’effet sera limité.
La CNV efficace demande un véritable voyage intérieur pour identifier ses véritables émotions et besoins, au-delà des formulations apprises. C’est un processus continu d’authenticité et de vulnérabilité qui transforme profondément la qualité de nos relations.
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