Les impacts psychologiques de bore-out

by

in





Les impacts psychologiques de bore-out

Le bore-out, ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, est un phénomène méconnu mais dévastateur. Contrairement au burn-out qui résulte d’une surcharge de travail, le bore-out naît de l’ennui chronique, du manque de stimulation et du sentiment d’inutilité au travail. Ses conséquences psychologiques sont profondes et souvent sous-estimées. Dans cet article, nous explorons en détail les mécanismes et les répercussions de ce mal silencieux qui touche de plus en plus de travailleurs.

📚 Table des matières

Les impacts psychologiques de bore-out

Qu’est-ce que le bore-out ? Définition et mécanismes

Le bore-out est un syndrome psychologique résultant d’une sous-charge de travail chronique combinée à un manque de stimulation intellectuelle. Contrairement aux idées reçues, avoir « trop peu à faire » n’est pas une situation enviable. Le cerveau humain a besoin d’un certain niveau de stimulation pour fonctionner de manière optimale. Lorsque cette stimulation fait défaut sur une longue période, plusieurs mécanismes psychologiques se mettent en place :

D’abord, il y a une perte progressive de motivation. Le travailleur commence par s’ennuyer, puis développe une forme d’apathie professionnelle. Ensuite, apparaît ce que les psychologues appellent la « désidentification au travail » – le sentiment que son travail n’a pas de sens ni de valeur. Enfin, s’installe un état de stress paradoxal : alors que la charge de travail est faible, l’individu développe une anxiété liée à son inactivité forcée.

Des études montrent que le bore-out touche particulièrement les travailleurs qualifiés dans des postes où leurs compétences sont sous-utilisées. Un ingénieur chargé de tâches administratives répétitives, un médecin cantonné à des tâches bureaucratiques, ou un créatif dont les idées sont systématiquement ignorées sont des profils typiques à risque.

Les symptômes psychologiques du bore-out

Les manifestations psychologiques du bore-out sont multiples et souvent insidieuses. Elles s’installent progressivement, ce qui rend le syndrome difficile à identifier précocement :

1. Dépression et anxiété : L’ennui chronique au travail peut mener à des états dépressifs caractérisés par une perte d’intérêt général, des troubles du sommeil et une humeur constamment basse. L’anxiété provient souvent du sentiment de perdre ses compétences ou de voir sa carrière stagner.

2. Troubles de la concentration : Le cerveau, privé de stimulation adaptée, perd sa capacité à se concentrer efficacement. Même lorsque des tâches intéressantes se présentent, la personne en bore-out peut avoir du mal à s’y investir pleinement.

3. Perte d’estime de soi : Ne pas se sentir utile ou compétent au travail érode progressivement la confiance en soi. Cette perte d’estime peut ensuite contaminer d’autres sphères de la vie.

4. Irritabilité et cynisme : La frustration accumulée se traduit souvent par une attitude négative envers le travail, les collègues ou l’entreprise. Ce cynisme est un mécanisme de défense contre la souffrance psychologique.

5. Déréalisation : Dans les cas sévères, certaines personnes rapportent un sentiment d’irréalité, comme si elles étaient spectatrices de leur propre vie professionnelle sans pouvoir y participer activement.

Les conséquences à long terme sur la santé mentale

Si le bore-out n’est pas pris en charge, ses effets peuvent persister bien après avoir quitté la situation professionnelle problématique :

À long terme, le bore-out peut entraîner des modifications durables de la personnalité. Des études ont montré que les personnes ayant subi un bore-out prolongé développent souvent une forme de « désengagement appris » qui les empêche de s’investir pleinement dans de nouveaux projets, même dans un environnement stimulant.

Le risque de dépression majeure est significativement accru. Contrairement à une dépression réactionnelle qui pourrait suivre un burn-out, la dépression liée au bore-out est souvent plus insidieuse et plus difficile à traiter car elle est liée à une perte de sens profonde plutôt qu’à un épuisement.

Sur le plan cognitif, on observe parfois des difficultés persistantes de concentration et de mémoire de travail. Le cerveau, habitué à fonctionner en « mode veille » pendant une période prolongée, a du mal à retrouver ses pleines capacités.

Enfin, le bore-out peut laisser des séquelles sur la relation au travail en général. Beaucoup de victimes développent une méfiance durable envers le monde professionnel et ont du mal à retrouver confiance dans leur capacité à occuper un poste satisfaisant.

Le paradoxe du bore-out : culpabilité et honte

Un aspect particulièrement pernicieux du bore-out est le sentiment de culpabilité qu’il génère. Contrairement au burn-out où la personne peut se sentir légitimement épuisée, la victime de bore-out éprouve souvent de la honte à reconnaître sa souffrance :

« Comment oser se plaindre quand on a ‘peu à faire’ ? » Cette question revient systématiquement dans les témoignages. La société valorise la surcharge de travail et considère souvent l’ennui au travail comme un privilège, ce qui rend la reconnaissance du bore-out particulièrement difficile.

Cette culpabilité peut mener à des comportements paradoxaux comme le « présentéisme » – rester au bureau bien au-delà des heures nécessaires pour donner l’illusion d’être occupé – ou au contraire à l’absentéisme répété.

La honte associée au bore-out est un obstacle majeur à sa reconnaissance et à sa prise en charge. Beaucoup de personnes concernées n’osent pas en parler à leur entourage ou à des professionnels de santé, ce qui aggrave la situation.

Différences et similitudes avec le burn-out

Bien qu’ils soient souvent présentés comme opposés, bore-out et burn-out partagent plusieurs caractéristiques :

Points communs : Les deux syndromes résultent d’une inadéquation prolongée entre l’individu et son environnement de travail. Ils conduisent tous deux à un épuisement (même si la nature diffère) et à une perte d’efficacité professionnelle. Dans les deux cas, on observe une altération de la santé mentale et une difficulté à maintenir un équilibre de vie satisfaisant.

Différences majeures : Alors que le burn-out résulte d’une surcharge (de travail, de responsabilités, d’attentes), le bore-out naît d’une sous-charge et d’un manque de stimulation. Le burn-out est souvent associé à un hyperinvestissement initial, alors que le bore-out est marqué par un désinvestissement progressif. Enfin, la reconnaissance sociale du burn-out est bien plus avancée que celle du bore-out.

Il est important de noter que les deux syndromes peuvent coexister chez une même personne, notamment dans des situations où des périodes de surcharge alternent avec des périodes de sous-activité.

Stratégies pour prévenir et surmonter le bore-out

Sortir du bore-out nécessite une approche multidimensionnelle :

1. Reconnaître le problème : La première étape est d’accepter que l’ennui chronique au travail est une souffrance légitime qui mérite attention. Tenir un journal des activités et des émotions au travail peut aider à prendre conscience de l’ampleur du problème.

2. Redéfinir son rapport au travail : Plutôt que de subir passivement la situation, il peut être utile de chercher activement des moyens de rendre son travail plus stimulant – par exemple en proposant de nouveaux projets ou en développant des compétences complémentaires.

3. Trouver des stimulations externes : Lorsque le travail ne fournit pas suffisamment de stimulation, il peut être salvateur de développer des activités enrichissantes en dehors (formations, bénévolat, projets personnels).

4. Engager le dialogue : Parler à son supérieur ou aux ressources humaines de son besoin de plus de défis peut parfois débloquer la situation. Il est important de préparer cette discussion en mettant l’accent sur son désir de contribuer davantage plutôt que sur son ennui.

5. Consulter un professionnel : Lorsque les symptômes sont importants, un accompagnement psychologique peut être nécessaire pour reconstruire l’estime de soi et retrouver une dynamique positive.

En prévention, il est crucial de choisir des postes adaptés à ses compétences et aspirations, et de rester attentif aux premiers signes d’ennui chronique avant qu’ils ne dégénèrent en bore-out.

Voir plus d’articles sur la psychologie



Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *