Comment parler de incivilités en ligne avec vos proches

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Les incivilités en ligne sont devenues monnaie courante, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les forums ou même dans les messageries privées. Ces comportements peuvent créer des tensions, blesser des proches et nuire à nos relations. Mais comment aborder ce sujet délicat avec nos amis, notre famille ou nos collègues sans créer de conflit supplémentaire ? Cet article vous propose des stratégies concrètes pour engager une conversation constructive sur les incivilités numériques.

📚 Table des matières

Comment parler de incivilités

Comprendre les incivilités en ligne et leurs impacts

Avant d’aborder le sujet avec vos proches, il est essentiel de bien comprendre ce que recouvrent les incivilités en ligne. Il ne s’agit pas seulement d’insultes flagrantes, mais aussi de comportements plus subtils comme le sarcasme excessif, les sous-entendus, le ghosting (disparaître sans explication), ou encore le fait d’ignorer délibérément les messages. Ces attitudes peuvent sembler anodines, mais elles ont un réel impact psychologique.

Des études en psychologie sociale montrent que les incivilités numériques activent les mêmes zones cérébrales que la douleur physique. Le sentiment de rejet ou de mépris est particulièrement intense dans un contexte numérique, où les indices non verbaux (expressions faciales, ton de voix) sont absents, laissant place à l’interprétation et souvent à la surinterprétation négative. Par exemple, un simple « OK » sec en réponse à un long message peut être perçu comme du mépris alors qu’il n’était peut-être qu’une réponse rapide dans un moment de précipitation.

Prenez le temps d’observer et d’analyser les situations qui vous ont blessé ou qui pourraient blesser d’autres personnes. Identifiez les patterns récurrents : est-ce le ton utilisé ? Le choix des mots ? Le moment de la réponse ? Cette réflexion préalable vous permettra d’aborder la conversation avec plus de clarté et d’objectivité.

Choisir le bon moment et le bon cadre pour en parler

Aborder un sujet aussi sensible que les incivilités en ligne nécessite une grande attention au contexte. La première erreur à éviter est d’en parler par message, justement là où le problème s’est manifesté. Le numérique est un terrain miné pour ce type de discussion, car il amplifie les malentendus. Privilégiez toujours une conversation en face à face, ou à défaut par téléphone si la distance l’impose.

Le timing est également crucial. Évitez les moments de stress, de fatigue ou de tension. Si votre proche vient justement de se montrer désagréable en ligne, laissez passer un peu de temps pour que les émotions retombent. Vous pouvez dire : « J’aimerais qu’on parle de quelque chose qui me tient à cœur, est-ce que tu serais disponible pour en discuter calmement demain ? »

Choisissez un cadre neutre et confortable, comme lors d’une promenade ou autour d’un café. Ces contextes informels favorisent l’écoute et réduisent la sensation d’être « mis sur la sellette ». L’idée n’est pas de faire un procès, mais d’ouvrir un dialogue bienveillant sur un phénomène qui affecte votre relation.

Utiliser des techniques de communication non violente

La Communication Non Violente (CNV), développée par Marshall Rosenberg, est particulièrement adaptée pour aborder ce genre de sujet délicat. Elle repose sur quatre étapes clés : observer sans juger, exprimer ses sentiments, identifier ses besoins, et formuler une demande claire.

Par exemple, au lieu de dire : « Tu es toujours désagréable dans tes messages », ce qui serait perçu comme une attaque, vous pourriez dire : « J’ai remarqué que dans nos échanges par message, il y a parfois des formulations qui me blessent (observation). Je me sens alors triste et frustré (sentiment), parce que j’ai besoin de respect et de bienveillance dans nos échanges (besoin). Est-ce qu’on pourrait essayer d’être plus attentifs à la façon dont on s’exprime ? (demande) »

Cette approche permet d’exprimer votre ressenti sans mettre l’autre en position de défense. Elle focalise la discussion sur les comportements (qu’on peut changer) plutôt que sur la personne (ce qui serait perçu comme une critique de son identité). N’oubliez pas que l’objectif n’est pas d’avoir raison, mais de préserver et d’améliorer votre relation.

Donner des exemples concrets sans accuser

Pour éviter les généralisations (« Tu es toujours… », « Tu ne fais jamais… »), préparez des exemples précis des situations qui vous ont perturbé. Mais attention à la façon de les présenter. Plutôt que de dire : « Le 15 mars à 14h, tu m’as répondu de façon très sèche », ce qui pourrait sembler accusateur, essayez : « Parfois, comme dans notre échange la semaine dernière, je me suis demandé si mon message t’avait énervé, parce que la réponse était très courte. »

Vous pouvez aussi utiliser la technique du « je » plutôt que du « tu » : « Je me suis senti blessé quand j’ai lu ce message » plutôt que « Tu m’as blessé avec ce message ». Cette nuance fait toute la différence dans la réception du message.

N’hésitez pas à reconnaître que vous aussi, vous avez pu parfois être involontairement incivil. Cela montre que vous ne vous placez pas en position de supériorité morale et ouvre la porte à une réflexion commune sur la qualité de vos échanges numériques.

Proposer des alternatives et des solutions

Une fois le problème identifié et discuté, il est important de proposer des pistes d’amélioration concrètes. Par exemple, vous pourriez suggérer :

  • D’utiliser plus d’émoticônes ou de mots d’affection pour compenser l’absence de ton et d’expressions faciales
  • De prendre quelques minutes avant d’envoyer un message écrit sous le coup de l’émotion
  • De privilégier les appels vocaux ou vidéo pour les sujets sensibles
  • D’établir ensemble quelques règles de base pour vos échanges numériques

Vous pourriez aussi partager des ressources sur la netiquette (les règles de bienséance sur internet) ou proposer de faire un petit test ensemble pour évaluer vos habitudes numériques. L’important est que ces solutions soient co-construites plutôt qu’imposées, pour que votre proche se les approprie vraiment.

Maintenir le dialogue et faire un suivi

Une seule conversation ne suffit généralement pas à changer des habitudes bien ancrées. Prévoyez de faire un point quelques semaines plus tard pour évaluer ensemble les progrès et les difficultés persistantes. Vous pourriez dire : « Je me rends compte qu’on fait plus attention à nos messages depuis notre discussion, qu’en penses-tu ? »

Célébrez les améliorations, même petites, et abordez les rechutes avec bienveillance. Rappelez-vous que changer ses habitudes de communication demande du temps et de la patience. Si certains comportements persistent malgré vos efforts, envisagez peut-être de limiter certaines interactions à des canaux moins propices aux malentendus, comme les conversations en personne.

Enfin, gardez à l’esprit que certaines personnes peuvent avoir du mal à prendre conscience de leurs incivilités en ligne, soit par manque d’empathie numérique, soit parce qu’elles reproduisent des schémas dont elles ont elles-mêmes été victimes. Dans ces cas, une approche plus progressive ou même l’intervention d’un tiers (autre ami, professionnel) peut être nécessaire.

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