Comment parler de chocs culturels avec vos proches

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Vous revenez d’un voyage à l’étranger ou avez récemment accueilli un proche venant d’une culture différente ? Les chocs culturels peuvent créer des malentendus, des frustrations, voire des conflits au sein des relations personnelles. Pourtant, ces situations sont aussi des opportunités uniques d’élargir nos horizons et de renforcer nos liens. Dans cet article, nous explorons comment aborder ces différences avec sensibilité et ouverture pour transformer les chocs culturels en richesse partagée.

📚 Table des matières

Comment parler de chocs

Comprendre le choc culturel : définition et mécanismes psychologiques

Le choc culturel désigne l’ensemble des réactions psychologiques et émotionnelles provoquées par l’exposition prolongée à une culture différente de la sienne. Selon le modèle en 4 phases d’Oberg (1960), il comprend :

  • La lune de miel : fascination initiale pour les nouveautés
  • La crise : irritation face aux différences perçues comme des obstacles
  • L’ajustement : développement progressif de stratégies d’adaptation
  • L’adaptation : acceptation et intégration des codes culturels

Sur le plan neurologique, ces réactions s’expliquent par l’activation de l’amygdale (siège des émotions) face à l’inconnu, et par la fatigue cognitive liée au décodage permanent de nouveaux schémas sociaux. Une étude de l’Université de Chicago (2018) montre que l’exposition interculturelle intense peut provoquer des niveaux de stress comparables à ceux d’un examen important.

Créer un espace de dialogue sécurisant

Avant d’aborder les différences culturelles, il est crucial d’établir un cadre propice à l’échange :

  • Choisir le bon moment : éviter les périodes de fatigue ou de stress
  • Privilégier un environnement neutre : un café tranquille plutôt que le domicile familial
  • Utiliser des formulations non accusatoires : « J’ai remarqué que… » plutôt que « Tu fais toujours… »

La technique du « parapet culturel » (Ting-Toomey, 2005) suggère de visualiser mentalement une barrière protectrice qui permet d’observer les différences sans se sentir attaqué. Par exemple, face à un proche qui critique vos habitudes alimentaires, imaginez ces mots traversant un filtre avant d’atteindre votre estime personnelle.

Techniques de communication non violente appliquée aux différences culturelles

Adaptez la méthode CNV de Rosenberg en contexte interculturel :

  1. Observation factuelle : « Lors du repas de famille, tu as refusé le plat que j’avais préparé »
  2. Expression des sentiments : « Cela m’a rendu perplexe et un peu blessé »
  3. Identification des besoins : « J’ai besoin de comprendre pour ne pas mal interpréter »
  4. Demande claire : « Pourrais-tu m’expliquer ce que signifie ce geste dans ta culture ? »

Attention aux pièges linguistiques : certaines expressions comme « c’est illogique » ou « ce n’est pas naturel » véhiculent un jugement ethnocentrique. Préférez « c’est différent de ce que je connais ».

Transformer les malentendus en opportunités d’apprentissage

Chaque conflit culturel dissimule un trésor de compréhension mutuelle. La méthode des 3R propose :

  • Reconnaître : « Nous avons des façons différentes d’exprimer le respect »
  • Recadrer : « Ce n’est pas un manque de politesse mais une autre conception de l’espace personnel »
  • Réinventer : Créer ensemble un nouveau rituel hybride qui intègre les deux cultures

Exemple concret : dans certaines cultures asiatiques, refuser poliment plusieurs fois un cadeau fait partie du protocole, alors que les Occidentaux risquent de le prendre pour un vrai refus. En parler ouvertement permet d’éviter ces quiproquos.

Exercices pratiques pour faciliter les échanges interculturels

Voici trois activités à tester avec vos proches :

  1. Le jeu des valeurs : Chacun liste 5 valeurs fondamentales puis explique concrètement comment elles se manifestent au quotidien
  2. L’inversion des rôles : Rejouer une situation tendue en échangeant les positions culturelles
  3. Le carnet d’étonnement : Noter ensemble ce qui surprend, intrigue ou dérange dans les habitudes de l’autre, sans jugement

Ces exercices s’appuient sur les travaux de Hofstede sur les dimensions culturelles (distance hiérarchique, contrôle de l’incertitude, etc.), permettant de conceptualiser les différences plutôt que de les subir.

Quand et comment faire appel à un médiateur interculturel

Certaines situations nécessitent une aide extérieure :

  • Conflits récurrents autour de sujets sensibles (éducation des enfants, relations de genre)
  • Blocages communicationnels malgré les efforts mutuels
  • Préparation à un événement important (mariage mixte, expatriation familiale)

Les médiateurs certifiés utilisent des outils spécifiques comme l’échelle de Bennett (de la négation à l’intégration interculturelle) ou le modèle de développement de la sensibilité interculturelle (DMIS). Leur intervention coûte généralement entre 60€ et 120€ de l’heure, mais certaines associations proposent des tarifs solidaires.

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