L’asexualité reste l’une des orientations sexuelles les moins comprises du spectre humain. Entre idées reçues, stéréotypes tenaces et confusions conceptuelles, les personnes asexuelles font souvent face à des incompréhensions qui peuvent nuire à leur bien-être. Cet article explore en profondeur les erreurs courantes concernant l’asexualité, afin de démystifier cette réalité et d’offrir des clés pour mieux la comprendre.
📚 Table des matières
L’asexualité est un trouble ou une maladie
L’une des idées fausses les plus répandues est de considérer l’asexualité comme un trouble psychologique ou une maladie nécessitant un traitement. Contrairement à l’hypoactive sexual desire disorder (HSDD), qui implique une détresse liée au manque de désir sexuel, l’asexualité est une orientation sexuelle intrinsèque. Les personnes asexuelles ne ressentent généralement pas de détresse face à leur absence d’attirance sexuelle. Des études, comme celles de Bogaert (2012), montrent que l’asexualité est une variation naturelle de la sexualité humaine, présente dans environ 1% de la population. Il est crucial de distinguer une identité asexuelle d’un trouble médical pour éviter des diagnostics erronés et des thérapies inappropriées.
Toutes les personnes asexuelles sont célibataires
Cette erreur repose sur l’amalgame entre orientation sexuelle et statut relationnel. En réalité, de nombreuses personnes asexuelles sont engagées dans des relations romantiques, amoureuses ou même queerplatoniques. Elles peuvent éprouver une attirance romantique (hétéroromantique, homoromantique, biromantique, etc.) sans pour autant ressentir d’attirance sexuelle. Certaines choisissent aussi des relations sexuelles pour faire plaisir à leur partenaire, sans en ressentir le besoin personnel. La diversité des expériences relationnelles chez les asexuels est vaste et ne se limite pas au célibat.
L’asexualité équivaut à l’abstinence
L’abstinence est un choix comportemental temporaire ou permanent de ne pas avoir de relations sexuelles, tandis que l’asexualité est une absence innée d’attirance sexuelle. Une personne abstinente peut ressentir du désir mais choisir de ne pas l’exprimer, alors qu’une personne asexuelle peut avoir des rapports sexuels sans pour autant ressentir d’attirance. Cette confusion néglige la dimension identitaire de l’asexualité et réduit une orientation complexe à un simple comportement.
Les asexuels ne ressentent aucune attirance
L’asexualité est un spectre qui inclut des nuances comme la demisexualité (attirance uniquement après un lien émotionnel fort) ou la greysexualité (attirance rare ou conditionnelle). De plus, beaucoup d’asexuels ressentent d’autres formes d’attirance : romantique, esthétique, ou sensuelle (envie de contact non-sexuel comme les câlins). Le modèle Split Attraction (attirance séparée) aide à comprendre ces distinctions. Par exemple, une personne peut être biromantique asexuelle, ressentant une attirance romantique pour plusieurs genres sans attirance sexuelle.
L’asexualité est une phase temporaire
Comme pour d’autres orientations, l’asexualité n’est pas une « étape » vers l’hétérosexualité ou autre. Certaines personnes s’identifient comme asexuelles toute leur vie, d’autres voient leur identité évoluer – ce qui ne invalide pas leur expérience passée. La pression sociale (« tu n’as pas rencontré la bonne personne ») peut amener des doutes, mais l’asexualité est une identité légitime en soi, pas un manque de maturité ou une réaction à un traumatisme (bien que certains asexuels aient aussi des histoires traumatiques, les deux ne sont pas liés causalement).
Les asexuels ne peuvent pas aimer romantiquement
Cette erreur confond attirance sexuelle et capacité à aimer. Beaucoup d’asexuels recherchent et entretiennent des relations amoureuses profondes, avec ou sans composante sexuelle. Des pratiques comme les relations « mariage blanc » ou les partenariats romantiques non-sexuels existent. L’amour romantique implique l’intimité émotionnelle, le soutien mutuel et l’engagement – des dimensions indépendantes de la sexualité. Des recherches en psychologie sociale montrent que la satisfaction relationnelle chez les couples asexuels peut égaler celle des couples allosexuels lorsque les besoins de chacun sont respectés.
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