Mythes et réalités à propos de asexualité

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L’asexualité reste l’une des orientations sexuelles les moins comprises du spectre humain. Entre idées reçues et représentations erronées, les personnes asexuelles font souvent face à des préjugés tenaces. Cet article démêle le vrai du faux en explorant les mythes persistants et les réalités méconnues de cette identité, pour une compréhension plus juste et inclusive.

📚 Table des matières

Mythes et réalités à propos de l'asexualité

Mythe n°1 : L’asexualité est une maladie ou un trouble

L’un des préjugés les plus répandus assimile l’asexualité à un dysfonctionnement hormonal ou psychologique. Pourtant, l’Association Américaine de Psychiatrie ne la classe pas parmi les troubles mentaux dans le DSM-5. Contrairement à l’hypoactive sexual desire disorder (HSDD), qui implique une détresse personnelle, l’asexualité est vécue comme une identité naturelle. Des études longitudinales (comme celles de Bogaert en 2015) montrent que les asexuels présentent des taux de cortisol normaux et aucun déficit physiologique. La confusion vient souvent d’une méconnaissance du spectre asexuel, où l’absence de désir sexuel n’équivaut pas à une pathologie.

Mythe n°2 : Les asexuels ne tombent jamais amoureux

Ce mythe ignore la distinction cruciale entre attirance sexuelle et attirance romantique. De nombreux asexuels (homo-romantiques, bi-romantiques ou hétéro-romantiques) éprouvent des sentiments amoureux intenses. Une enquête de l’Asexual Visibility and Education Network (AVEN) révèle que 72% des membres asexuels ont déjà été amoureux. Ils peuvent former des relations profondes, partager une vie commune, ou même se marier – simplement sans lien automatique entre amour et activité sexuelle. Le modèle du « split attraction » (scission des attirances) est ici essentiel pour comprendre cette réalité.

Mythe n°3 : Tous les asexuels rejettent toute forme d’intimité

L’asexualité ne signifie pas systématiquement aversion pour le contact physique. Le spectre inclut des variations comme :

  • Les sex-indifférents (neutres envers le sexe)
  • Les sex-favorables (pratiquant par plaisir ou compromis)
  • Les demisexuels (nécessitant un lien émotionnel fort)

Une étude de Prause & Graham (2007) dans « Archives of Sexual Behavior » montre que 40% des asexuels interrogés maintiennent des rapports sexuels occasionnels pour faire plaisir à leur partenaire. L’intimité non-sexuelle (câlins, massages) est également souvent appréciée, brisant le stéréotype de la froideur émotionnelle.

Mythe n°4 : L’asexualité est juste une phase temporaire

Comparer l’asexualité à une « phase adolescente » ou un « retard » nie sa permanence pour beaucoup. Le Longitudinal Asexuality Study (Université de Colombie-Britannique, 2020) a suivi 300 personnes s’identifiant comme asexuelles pendant 10 ans : 89% ont maintenu cette identité à long terme. Contrairement aux périodes de célibat ou de chasteté choisie, l’asexualité est une orientation innée – comme l’homosexualité ou l’hétérosexualité. Les témoignages de seniors asexuels (comme ceux recueillis par le projet « Asexual Over 50 ») confirment cette persistance tout au long de la vie.

Mythe n°5 : On ne peut pas être asexuel et en couple

Les relations asexuelles défient les normes traditionnelles, mais existent bel et bien. Des dynamiques comme :

  • Les couples mixte (un partenaire asexuel + un allosexuel)
  • Les relations queer-platoniques (engagement profond non-romantique)
  • Les mariages de complémentarité (basés sur d’autres affinités)

s’épanouissent grâce à une communication ouverte. La plateforme « Asexual Couples Network » recense des milliers de témoignages de partenariats réussis, souvent grâce à des compromis créatifs (polyamour, autonomie sexuelle, etc.).

Réalité n°1 : L’asexualité est un spectre diversifié

Le terme « asexuel » regroupe en réalité une mosaïque d’expériences :

  • Grey-A : Attirance sexuelle rare ou conditionnelle
  • Demi-sexuels : Attirance uniquement après lien émotionnel
  • Aromantiques : Absence d’attirance romantique (distincte de l’asexualité)

Le « Asexual Census » annuel révèle que 38% des répondants s’identifient à des microlabels spécifiques. Cette diversité montre l’importance d’éviter les généralisations simplistes.

Réalité n°2 : L’asexualité est reconnue par la science

Depuis les travaux fondateurs d’Anthony Bogaert en 2004, la recherche valide l’asexualité comme orientation. Les neurosciences (étude fMRI de Brotto en 2015) ont identifié des patterns cérébraux distincts lors de la visualisation de stimuli sexuels chez les asexuels. L’Organisation Mondiale de la Santé a retiré l’asexualité de sa classification des troubles en 2013. Les universités (comme Cambridge avec son « Ace-Phd Project ») développent désormais des programmes dédiés à son étude, confirmant sa légitimité académique.

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