Les erreurs courantes concernant orientation professionnelle

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Choisir une voie professionnelle est l’une des décisions les plus importantes et anxiogènes de notre vie. Pourtant, cette quête de sens et d’épanouissement est souvent entravée par des idées reçues, des peurs irrationnelles et des biais cognitifs qui nous égarent. Nous naviguons dans un brouillard d’influences externes et de croyances internes limitantes, croyant prendre des décisions éclairées alors que nous reproduisons souvent les mêmes schémas d’échec. Cet article se propose de disséquer, une à une, les erreurs les plus courantes et les plus dommageables en matière d’orientation. En les comprenant, vous vous donnez les clés pour enfin tracer un parcours professionnel qui vous ressemble, vous stimule et vous rend fier.

📚 Table des matières

Les erreurs courantes concernant orientation professionnelle

Confondre passion et métier

L’une des injonctions les plus fortes de notre époque est de « vivre de sa passion ». Si cette idée est séduisante, elle constitue un piège redoutable pour de nombreuses personnes en quête d’orientation. La passion est par nature une émotion intense, fluctuante et souvent liée à une activité pratiquée pour le plaisir, en dehors de toute contrainte économique. La transformer en métier, c’est lui imposer des impératifs de rentabilité, de délais, de productivité et de compétitivité qui peuvent, à terme, la corroder et la vider de sa substance. Prenons l’exemple de la passion pour la pâtisserie. Le week-end, préparer un gâteau pour ses amis est un plaisir créatif. En faire son métier implique de se lever à 4h du matin, gérer les stocks, la comptabilité, les clients exigeants, la répétition des mêmes recettes et la pression financière. Le risque est de perdre le plaisir initial et de se retrouver piégé dans un métier exigeant dont on ne peut plus s’échapper parce qu’il était supposé être un « rêve ». Une approche plus saine consiste à distinguer ce que l’on aime *faire* (les tâches, les processus) de ce que l’on aime *vivre* (les valeurs, l’environnement). Peut-être que votre passion pour la photographie ne doit pas se transformer en business de photographe de mariage, mais qu’elle peut s’exprimer dans un métier où un œil avisé pour le détail est valorisé, comme dans l’architecture ou le design d’interface, tout en restant un hobby épanouissant. Il s’agit de chercher non pas un métier-passion, mais un métier qui permet de *financer* ses passions et qui est aligné avec ses compétences et valeurs profondes, sans nécessairement en être la concrétisation littérale.

Suivre les attentes familiales et sociales

L’influence de l’entourage, et particulièrement de la famille, est un facteur déterminant et souvent inconscient dans les choix d’orientation. Cette pression peut être directe (« Dans cette famille, on est médecin de père en fils ») ou beaucoup plus subtile, via des compliments différentiels (« Mon fils, l’ingénieur, il a vraiment réussi sa vie » vs « Ma fille, la fleuriste, elle se débrouille »). La psychologie nous enseigne que le besoin d’appartenance et de reconnaissance est un moteur puissant du comportement humain. Choisir une voie pour faire plaisir à ses parents ou pour correspondre à une image de réussite socialement valorisée (médecin, avocat, ingénieur) est un leurre aux conséquences potentiellement dramatiques sur le bien-être mental. Le phénomène d’auto-érosion décrit par la psychologie humaniste se produit lorsque l’on étouffe son « moi réel » (ses propres désirs et talents) pour incarner un « moi idéal » imposé de l’extérieur. À long terme, cela mène à l’épuisement professionnel, à la dépression et à un sentiment d’inauthenticité. Il est crucial de mener un travail introspectif pour identifier ces influences. Posez-vous cette question : « Si j’étais seul au monde, sans personne à impressionner ou à décevoir, que choisirais-je de faire ? ». Décrypter les attentes familiales ne signifie pas nécessairement y renoncer violemment, mais faire un choix *en conscience*. Il est possible que devenir médecin soit un vrai désir personnel et non une soumission. La différence réside dans la liberté et l’alignement interne que l’on ressent.

Négliger la connaissance de soi

La plupart des gens passent plus de temps à étudier le marché des voitures d’occasion qu’à étudier leur propre fonctionnement psychologique avant de choisir un métier. Cette erreur est fondamentale. S’orienter, c’est d’abord se connaître. Cela va bien au-delà de la simple question « Qu’est-ce que j’aime ? ». Il s’agit d’une investigation en profondeur sur plusieurs axes : ses valeurs fondamentales (autonomie, sécurité, créativité, altruisme, prestige…), ses moteurs de motivation intrinsèque (résoudre des problèmes complexes, aider les autres, créer de la beauté, convaincre), ses soft skills naturelles (suis-je plutôt organisé, empathique, stratège, persuasif ?) et son seuil de tolérance au stress ou à la routine. Ignorer ces dimensions, c’est s’exposer à un mal-être profond. Une personne qui valorise par-dessus tout la liberté et la créativé se sentira comme en prison dans un poste très cadré et procédurier, même si le salaire est attractif. À l’inverse, une personne qui a un fort besoin de sécurité et de prévisibilité sera angoissée en permanence dans un métier de freelance où l’incertitude est la règle. Les outils pour cette investigation sont nombreux : l’introspection honnête (journaling, méditation), la récolte de feedbacks auprès de proches (« Selon toi, quelles sont mes trois plus grandes qualités au travail ? »), l’analyse rétrospective de ses expériences passées (quelles tâches me faisaient oublier la notion du temps ? Quelles étaient celles que je reportais toujours ?). Cette phase est non négociable et doit précéder toute recherche d’information sur les métiers.

Survaloriser les débouchés et le salaire

La peur légitime de ne pas trouver d’emploi ou de ne pas gagner suffisamment sa vie pousse beaucoup à opter pour des voies dites « porteuses » ou « rentables », au détriment de tout autre critère. C’est une erreur de court-termisme qui peut mener à une carrière longue et douloureuse. Le marché du travail est par nature changeant et imprévisible. Un secteur porteur aujourd’hui peut être disrupté demain par une innovation technologique ou une crise économique. Miser tout son avenir sur la conjoncture du moment est un pari risqué. De plus, un bon salaire et la sécurité de l’emploi sont des motivateurs extrinsèques. La psychologie du travail a maintes fois démontré que si ces éléments peuvent éviter l’insatisfaction, ils ne génèrent pas pour autant l’engagement, la motivation profonde et l’épanouissement. C’est la fameuse théorie des deux facteurs de Herzberg. On peut très bien être bien payé dans un job stable et se sentir mort intérieurement, en proie au bore-out (épuisement par l’ennui). L’objectif devrait être de trouver le point d’équilibre entre viabilité économique et épanouissement personnel. Plutôt que de choisir un métier uniquement pour ses débouchés, une stratégie plus astucieuse consiste à développer des compétences transversales et recherchées (analyse de données, résolution de problèmes, communication) qui vous rendront employable dans *plusieurs* secteurs, y compris ceux qui vous passionnent. Ainsi, vous misez sur votre adaptabilité plutôt que sur la prétendue stabilité d’un seul domaine.

Penser que l’orientation est définitive

Cette erreur cognitive est l’une des plus paralysantes. Elle repose sur la croyance qu’il n’existe qu’une seule « bonne » décision à prendre et que, si l’on se trompe, c’est une catastrophe irrémédiable. Cette vision figée de la carrière, héritée d’une époque où l’on entrait dans une entreprise à 20 ans pour en sortir à 60 ans, est totalement obsolète. Le monde du travail moderne est caractérisé par le changement, la flexibilité et les carrières non-linéaires. Se mettre la pression pour trouver « LA » voie est donc non seulement anxiogène mais aussi contre-productif. En psychologie, on parle de fixation qui empêche l’exploration d’autres alternatives tout aussi valables. Votre premier choix, votre deuxième, voire votre troisième, ne sont que des chapitres d’une longue histoire, et non l’histoire entière. De nombreuses compétences sont transférables d’un domaine à un autre. Un journaliste peut devenir un excellent responsable de communication, un professeur peut se reconvertir en formateur en entreprise, un comptable peut apporter sa rigueur dans la gestion de projet associatif. Adoptez une mentalité de « test and learn » : voyez chaque expérience professionnelle comme une expérience qui vous apprend quelque chose sur vous-même, sur ce que vous aimez ou n’aimez pas. Cette accumulation de connaissances pratiques est infiniment plus précieuse que la recherche du plan parfait pour les 40 prochaines années.

Se fier uniquement aux tests standardisés

Les tests d’orientation comme le RIASEC (Holland Code) ou le MBTI sont des outils populaires, mais ils sont trop souvent utilisés comme des oracles plutôt que comme des points de départ. Leur principale limite est leur nature réductrice et statique. Ils tentent de capturer la complexité d’un individu à un instant T dans une série de lettres ou de codes, sans prendre en compte son évolution, son contexte, ses aspirations profondes et la subtilité de sa personnalité. S’en remettre aveuglément à un test qui vous désigne comme « ISFJ » ou « Artistic » et donc vous oriente vers une liste restreinte de métiers est une erreur. Ces tests peuvent suggérer des pistes, confirmer des intuitions ou aider à mettre des mots sur des traits de personnalité, mais ils ne doivent en aucun cas avoir le dernier mot. Ils sont le miroir grossissant de vos préférences déclarées à un moment donné, pas une prédiction infaillible de votre réussite future. Leur validité scientifique est d’ailleurs souvent contestée. Une approche bien plus riche consiste à les combiner avec d’autres méthodes qualitatives : réaliser des enquêtes métier (rencontrer des professionnels pour comprendre leur quotidien réel), faire des stages d’immersion, participer à des ateliers de découverte, ou encore tester des compétences via des projets personnels ou du bénévolat. L’idée est de passer d’une logique de « test » à une logique d’ »expérimentation active » du monde professionnel.

Attendre le déclic ou la vocation

Beaucoup de personnes sont en standby professionnel, attendant passivement que la « révélation » se produise, que leur destinée leur apparaisse en songe comme une évidence. Cette attente est peut-être la plus grande erreur de toutes, car elle conduit à l’inaction et à la frustration. Le concept de vocation, souvent teinté de religiosité, sous-entend qu’il existerait un métier prédestiné pour chacun, qu’il suffirait de découvrir. En réalité, pour l’immense majorité des gens, la passion et l’intérêt pour un domaine se *construisent* progressivement par l’action, l’apprentissage, l’effort et la maîtrise. C’est le principe de la « passion harmonieuse » versus la « passion obsessive » en psychologie motivationnelle. La première émerge d’un engagement librement consenti et apporte de l’épanouissement, tandis que la seconde est subie et peut mener au burnout. Au lieu d’attendre un signe, il faut se mettre en mouvement. Explorez, essayez, expérimentez, même de petites choses. Suivez un cours en ligne gratuit sur un sujet qui vous intrigue vaguement, lisez des biographies de personnes qui vous inspirent, proposez vos services pour un petit projet. C’est dans l’action que se forgent les goûts, que se révèlent les talents et que surgissent parfois les opportunités. La clarté vient de l’engagement, pas de la contemplation. En arrêtant d’attendre la parfaite illumination, vous vous donnez la permission de trouver votre voie par itérations successives, en ajustant le cap au fur et à mesure de vos découvertes.

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