Les différentes formes de expérience de Milgram

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L’expérience de Milgram, menée par le psychologue Stanley Milgram dans les années 1960, reste l’une des études les plus marquantes et controversées de la psychologie sociale. Elle explore les mécanismes de l’obéissance à l’autorité et révèle des facettes troublantes de la nature humaine. Mais saviez-vous que cette expérience a pris plusieurs formes au fil des années ? Dans cet article, nous allons plonger dans les différentes variantes de l’expérience de Milgram, analysant leurs implications et leurs résultats.

📚 Table des matières

expérience de Milgram

L’expérience originale de Milgram

L’expérience originale, menée en 1961 à l’Université Yale, visait à comprendre jusqu’où les individus étaient prêts à aller pour obéir à une figure d’autorité, même lorsque cela impliquait de causer de la souffrance à autrui. Les participants étaient invités à administrer des chocs électriques (simulés) à un « apprenant » chaque fois qu’il commettait une erreur dans une tâche de mémoire. Malgré les cris de douleur simulés, environ 65% des participants ont continué jusqu’au choc maximal de 450 volts. Cette version a révélé une obéissance alarmante, même face à une souffrance évidente.

Les conditions expérimentales étaient strictes : une salle neutre, un expérimentateur en blouse blanche, et une distance physique entre le participant et la victime. Ces éléments ont été modifiés dans les variantes ultérieures pour tester différents aspects de l’obéissance.

La variante de la proximité physique

Dans cette version, Milgram a modifié la distance entre le participant et la « victime ». Lorsque l’apprenant était dans la même pièce, le taux d’obéissance chutait à 40%. Si le participant devait physiquement poser la main de l’apprenant sur une plaque électrifiée, seulement 30% continuaient jusqu’au bout. Cette variante montre que la proximité émotionnelle et physique réduit significativement l’obéissance aveugle.

Un exemple frappant est celui d’un participant qui, après avoir entendu l’apprenant se plaindre de problèmes cardiaques, a refusé de continuer malgré les insistances de l’expérimentateur. La visibilité de la souffrance a brisé le mécanisme de déshumanisation permis par la distance.

La variante de l’autorité contestée

Milgram a également testé ce qui se passait lorsque l’autorité était remise en question. Dans une version, deux expérimentateurs (acteurs) se disputaient sur la nécessité de continuer. Le taux d’obéissance est tombé à 0%, montrant que la légitimité de l’autorité doit être incontestée pour que l’obéissance persiste.

Une autre sous-variante introduisait un « pair rebelle » (un acteur) qui refusait de continuer. La présence de ce modèle de désobéissance a réduit l’obéissance à seulement 10%. Cela illustre le pouvoir du soutien social dans la résistance à l’autorité injuste.

La variante institutionnelle

Pour vérifier si le prestige de Yale influençait les résultats, Milgram a reproduit l’expérience dans un bureau anonyme de Bridgeport. L’obéissance a légèrement baissé (48%), mais reste choquante. Cela suggère que l’autorité institutionnelle joue un rôle, mais n’est pas le seul facteur.

Des études ultérieures ont montré que le cadre institutionnel affecte aussi la perception de responsabilité. Quand les participants croyaient que l’université assumerait toute responsabilité, ils obéissaient plus facilement, illustrant le phénomène de dilution de la responsabilité.

Les répliques modernes et adaptations

En 2009, Jerry Burger a reproduit une version éthique de l’expérience (s’arrêtant à 150 volts). Les résultats étaient similaires (70% d’obéissance), suggérant que ces mécanismes persistent dans la société moderne. Des adaptations télévisées (comme le jeu « Le Jeu de la Mort » en France) ont confirmé ces tendances.

Des chercheurs ont aussi testé des variantes culturelles. Une étude polonaise (2015) a trouvé 90% d’obéissance, tandis qu’une version allemande montrait des taux plus bas. Ces différences soulignent l’influence des contextes historiques et culturels sur l’obéissance.

Les critiques et limites des différentes formes

Les critiques éthiques sont nombreuses : détresse des participants, manipulation, absence de véritable consentement éclairé. Sur le plan méthodologique, certains arguent que les participants pouvaient deviner la supercherie, ou que la situation artificielle limite la généralisation.

Cependant, malgré ces limites, les variations de l’expérience de Milgram offrent des insights uniques sur des phénomènes réels comme les crimes de masse ou les abus en milieu professionnel. Elles rappellent que l’obéissance n’est pas un trait de personnalité fixe, mais dépend fortement de facteurs situationnels soigneusement orchestrés.

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