Les erreurs courantes concernant féminisme et santé mentale

by

in

Le féminisme et la santé mentale sont deux sujets profondément interconnectés, mais souvent mal compris. Entre stéréotypes persistants, généralisations abusives et idées reçues, les erreurs d’interprétation peuvent avoir des conséquences néfastes sur le bien-être psychologique des femmes et des minorités de genre. Cet article explore les erreurs courantes qui entourent ces thématiques, en décortiquant leurs origines et leurs impacts concrets.

📚 Table des matières

Les erreurs courantes concernant

1. Confondre féminisme et misandrie

L’une des erreurs les plus répandues consiste à assimiler le féminisme à une haine des hommes. Cette confusion nuit gravement aux discussions sur la santé mentale, car elle détourne l’attention des véritables enjeux structurels. Le féminisme cherche l’égalité, pas la domination. Les études en psychologie sociale montrent que cette méconnaissance génère :

  • Une résistance aux thérapies féministes, pourtant validées pour traiter les traumatismes liés au genre
  • Un rejet des espaces safe féminins, essentiels pour la reconstruction psychologique
  • Une polarisation inutile des débats sur la santé mentale

Exemple concret : les femmes évitent souvent d’évoquer leurs expériences sexistes en thérapie par crainte d’être étiquetées comme « anti-hommes », ce qui entrave leur processus de guérison.

2. Nier l’impact du patriarcat sur la santé mentale

Le déni des structures patriarcales comme facteur de troubles mentaux persiste même dans certains milieux thérapeutiques. Pourtant, la recherche établit clairement des liens entre :

  • La charge mentale invisible et l’épuisement professionnel féminin
  • L’objectification corporelle et les troubles alimentaires
  • Les micro-agressions quotidiennes et l’anxiété généralisée

Une méta-analyse de 2022 portant sur 15 000 participantes a révélé que les femmes exposées à des environnements sexistes développent 2,3 fois plus de symptômes dépressifs que les autres. Ignorer cette réalité, c’est passer à côté de causes profondes de souffrance psychique.

3. Sous-estimer l’intersectionnalité des luttes

Aborder le féminisme sans considérer les autres axes d’oppression (race, classe, handicap…) mène à des approches thérapeutiques incomplètes. Les femmes racisées, par exemple :

  • Subissent des formes spécifiques de stress racial genré
  • Font face à des barrières supplémentaires dans l’accès aux soins
  • Développent des mécanismes de survie psychique particuliers

Les thérapeutes formés à l’intersectionnalité observent de meilleurs résultats dans le traitement des traumatismes complexes. Pourtant, moins de 20% des formations en psychologie incluent cette dimension de manière approfondie.

4. Ignorer les spécificités des troubles mentaux genrés

Certains troubles psychiques affectent différemment les femmes, mais cette réalité est souvent occultée :

  • La dépression post-partum longtemps considérée comme un « caprice »
  • Le TDAH féminin sous-diagnostiqué car moins hyperactif
  • L’autisme chez les femmes masqué par des stratégies de camouflage social

Les biais de genre dans les manuels diagnostics (construits historiquement sur des patients masculins) conduisent à des erreurs d’évaluation aux conséquences dramatiques. Une étude récente montre que les femmes attendent en moyenne 4 ans de plus que les hommes pour obtenir un diagnostic correct de trouble bipolaire.

5. Minimiser le rôle des violences systémiques

La banalisation des violences genrées (harcèlement de rue, charge domestique, écarts salariaux…) a un impact psychologique massif :

  • Syndrome de stress post-traumatique complexe
  • Sentiment permanent d’insécurité psychique
  • Auto-censure et diminution de l’estime de soi

Les neurosciences démontrent que l’exposition chronique au sexisme modifie littéralement les circuits cérébraux liés au stress et à la cognition sociale. Pourtant, ces réalités sont rarement intégrées dans les protocoles thérapeutiques standards.

6. Croire que le féminisme « règle tout »

À l’inverse, certains pensent que l’engagement féministe immunise contre les troubles mentaux. Or :

  • Le militantisme peut générer un épuisement spécifique (le « burnout féministe »)
  • La prise de conscience des inégalités peut initialement augmenter la détresse
  • Les conflits internes au mouvement créent des tensions psychologiques

Les thérapeutes spécialisés recommandent un accompagnement spécifique pour les militantes, combinant travail sur les traumatismes et stratégies d’auto-préservation dans l’activisme.

Voir plus d’articles sur la psychologie


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *