L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une approche thérapeutique puissante pour traiter les traumatismes et les souvenirs douloureux. Si vous envisagez cette méthode ou souhaitez en tirer le meilleur parti, voici un guide complet pour vous accompagner. Découvrez comment optimiser votre expérience avec des conseils pratiques, des astuces de professionnels et des mises en garde essentielles.
📚 Table des matières
1. Comprendre le mécanisme de l’EMDR
L’EMDR repose sur un processus neurobiologique complexe. Les stimulations bilatérales (mouvements oculaires, tapotements ou sons alternés) activent les deux hémisphères cérébraux, permettant au cerveau de retraiter les souvenirs traumatiques stockés de manière dysfonctionnelle. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’hypnose ni de simple relaxation. Le protocole standard comprend 8 phases :
- Histoire du patient : Évaluation détaillée des traumatismes et des schémas
- Préparation : Apprentissage des techniques de stabilisation émotionnelle
- Évaluation : Identification précise des cibles à traiter
- Désensibilisation : Traitement proprement dit avec stimulations
- Installation : Renforcement des cognitions positives
- Scanner corporel : Détection des résidus somatiques
- Clôture : Retour à un état émotionnel stable
- Réévaluation : Vérification des résultats en séance suivante
Des études en neuro-imagerie montrent que l’EMDR modifie l’activité de l’amygdale (siège des émotions) et du cortex préfrontal (régulation). Une séance typique dure 60 à 90 minutes, avec des effets parfois visibles dès la première rencontre pour des traumatismes simples.
2. Choisir le bon thérapeute EMDR
Tous les praticiens ne se valent pas. Voici les critères impératifs :
- Certification officielle : Vérifiez l’accréditation par l’association EMDR France ou Europe. Un vrai professionnel a suivi 6 niveaux de formation (environ 200 heures).
- Expérience clinique : Privilégiez ceux ayant traité au moins 50 cas similaires au vôtre (violence, deuil, phobie…).
- Approche intégrative : Les meilleurs combinent EMDR avec des éléments de TCC, psychanalyse ou thérapie corporelle selon les besoins.
- Disponibilité entre les séances : Certains proposent un numéro d’urgence pour gérer les réactions intenses.
Méfiez-vous des « thérapeutes » proposant des séances express ou des forfaits imposés. Un bon professionnel adapte le rythme à votre processus interne. Le coût moyen en France varie entre 60€ et 120€ la séance, partiellement remboursé si le praticien est conventionné.
3. Se préparer mentalement avant une séance
La qualité de votre préparation influence directement l’efficacité du traitement :
- Tenir un journal : Notez pendant 2 semaines les souvenirs intrusifs, rêves récurrents et réactions corporelles anormales.
- Créer un lieu sûr : Visualisez mentalement un endroit apaisant (plage, forêt…) que vous pourrez évoquer en cas de débordement émotionnel.
- Éviter les stimulants : Caféine, alcool et drogues perturbent le traitement le jour J.
- Prévoir du repos : Ne planifiez rien d’exigeant dans les 6 heures suivant la séance.
Certains thérapeutes recommandent des exercices de cohérence cardiaque (365 : 3 fois/jour, 6 respirations/min pendant 5 minutes) pour renforcer la régulation émotionnelle. Apportez en séance un objet transitionnel (photo, pierre…) symbolisant votre résilience.
4. Gérer les réactions pendant le traitement
Les réactions varient considérablement :
- Effets physiques : 68% des patients ressentent une fatigue intense, 42% des maux de tête, 35% des nausées. Ces symptômes disparaissent généralement en 24h.
- Réminiscences : Des souvenirs oubliés peuvent refaire surface. Notez-les sans les analyser.
- Émotions paradoxales : Certains éprouvent d’abord une aggravation avant l’amélioration. C’est normal.
Techniques d’urgence pendant la séance : signaler immédiatement au thérapeute si vous ressentez une dissociation (« flottement ») extrême. Il disposera de techniques pour vous « recentrer ». Respirez profondément par le ventre et fixez un point stable dans la pièce si les sensations deviennent trop intenses.
5. Intégrer les bienfaits après la thérapie
L’après-EMDR est crucial :
- Phase de digestion : Le cerveau continue à traiter l’information pendant 2 à 8 semaines. Évitez les décisions importantes durant cette période.
- Rêves intenses : 60% des patients rapportent des rêves plus vifs. Tenez un cahier près de votre lit.
- Nouvelles perceptions : Des lieux ou personnes peuvent soudain vous sembler différents. Laissez émerger ces changements sans jugement.
Pratiquez des activités d’intégration : dessin libre, marche consciente, yoga doux. Certains bénéficient d’un suivi post-thérapeutique mensuel pendant 3 à 6 mois pour consolider les acquis.
6. Combiner EMDR avec d’autres approches
Synergies prouvées :
- Thérapie cognitive : Travaillez sur les croyances limitantes (« Je suis en danger ») une fois le choc émotionnel désamorcé.
- Neurofeedback : Améliore la régulation cérébrale chez les patients très dissociés.
- Méditation pleine conscience : Renforce la capacité à observer les pensées sans s’y identifier.
- Art-thérapie : Exprimez ce qui dépasse les mots, surtout pour les traumatismes précoces.
Attention aux mélanges hasardeux : évitez l’hypnose classique pendant le protocole EMDR, elle peut interférer avec le retraitement naturel. Les psychotropes (sauf cas sévères) sont généralement contre-productifs car ils émoussent les émotions nécessaires au processus.
7. Éviter les pièges courants
Erreurs fréquentes :
- Trop de séances rapprochées : Espacez-les d’au moins une semaine pour laisser le cerveau intégrer.
- Négliger les souvenirs apparemment mineurs : Un incident « banal » peut être la clé d’un traumatisme plus ancien.
- Chercher un résultat immédiat : Certains blocages nécessitent 10 à 15 séances pour des traumatismes complexes.
- Auto-EMDR : Les vidéos YouTube ne remplacent pas un thérapeute pour gérer les réactions potentielles.
Signaux d’alerte : si après 4 séances vous ne constatez aucun changement (même minime), reconsidérez soit la compétence du thérapeute, soit l’adéquation de la méthode à votre cas. Environ 15% des patients répondent mieux à d’autres approches comme la thérapie des schémas.
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