Les signes méconnus de autisme

L’autisme, ou trouble du spectre autistique (TSA), est souvent associé à des stéréotypes bien connus comme les difficultés de communication ou les comportements répétitifs. Pourtant, ce trouble neurodéveloppemental se manifeste par une multitude de signes subtils et méconnus qui peuvent passer inaperçus, surtout chez les adultes ou les personnes dites « hautement fonctionnelles ». Dans cet article, nous explorons ces indicateurs moins évidents qui pourraient révéler un TSA non diagnostiqué.

Une sensibilité sensorielle extrême

L’hypersensibilité ou l’hyposensibilité sensorielle est un signe fréquent mais souvent négligé de l’autisme. Certaines personnes peuvent être extrêmement sensibles aux bruits, aux lumières vives, aux textures ou aux odeurs. Par exemple, le bruit d’un aspirateur peut être insupportable, ou le contact avec certaines matières comme la laine peut provoquer un inconfort intense. À l’inverse, d’autres peuvent rechercher des stimulations sensorielles fortes, comme se balancer ou toucher répétitivement des objets.

Cette particularité sensorielle peut entraîner des difficultés dans des environnements surstimulants comme les centres commerciaux ou les salles de classe. Elle explique aussi pourquoi certaines personnes autistes portent des vêtements spécifiques ou évitent certains aliments en raison de leur texture.

Des difficultés avec les conventions sociales implicites

Contrairement aux idées reçues, beaucoup de personnes autistes ont envie d’interagir socialement mais peinent à décoder les règles non écrites de la communication. Elles peuvent avoir du mal à comprendre l’ironie, les sous-entendus ou les expressions figurées. Une personne autiste peut prendre une phrase comme « c’est la fin du monde » au pied de la lettre et s’inquiéter réellement.

Ces difficultés se manifestent aussi par une tendance à parler de façon très directe, ce qui peut être perçu comme de la maladresse. Par exemple, dire « ton nouveau pull est laid » sans intention de blesser, simplement parce que c’est la vérité telle qu’elle la perçoit.

Un attachement intense aux routines

Les routines et les rituels procurent un sentiment de sécurité aux personnes autistes. Un changement minime dans leur emploi du temps peut provoquer une anxiété disproportionnée. Cela va au-delà d’une simple préférence pour l’ordre : il s’agit d’un besoin profond de prévisibilité.

Par exemple, une personne peut insister pour prendre exactement le même chemin pour aller au travail chaque jour, ou manger les aliments dans son assiette dans un ordre précis. Ces comportements ne sont pas des caprices mais des stratégies d’adaptation pour gérer un monde perçu comme imprévisible et chaotique.

Un langage corporel atypique

Le langage non verbal des personnes autistes peut différer des normes sociales. Cela inclut un contact visuel inhabituel (soit trop intense, soit évité), des expressions faciales qui ne correspondent pas à l’émotion ressentie, ou des postures corporelles qui paraissent rigides ou maladroites.

Certaines personnes autistes peuvent aussi avoir des mouvements répétitifs appelés « stimming » (comme se balancer, battre des mains ou tripoter un objet) qui les aident à réguler leurs émotions. Ces comportements sont souvent réprimés par pression sociale alors qu’ils constituent un mécanisme d’auto-apaisement naturel.

Des intérêts spécifiques et absorbants

Les « intérêts restreints » sont une caractéristique centrale de l’autisme. Une personne peut développer une passion intense et encyclopédique pour un sujet très précis, comme les horaires de train, les dinosaures ou un auteur particulier. Ces intérêts vont bien au-delà d’un hobby passager : ils peuvent occuper des heures chaque jour et devenir un domaine d’expertise.

Contrairement aux stéréotypes, ces intérêts ne se limitent pas aux sciences ou techniques. Ils peuvent porter sur la littérature, l’histoire ou tout autre domaine. Ce qui les distingue est leur intensité et leur persistance dans le temps.

Une relation particulière au temps

Beaucoup de personnes autistes ont une perception atypique du temps. Certaines peinent à estimer la durée des activités (« aveuglement au temps »), tandis que d’autres ont besoin de temps de traitement supplémentaires pour répondre aux demandes. Cela explique pourquoi une personne autiste peut mettre plus de temps à répondre à une question ou à prendre une décision.

La notion de « temps social » est aussi souvent problématique. Une personne autiste peut arriver systématiquement en avance ou en retard, avoir du mal à estimer le temps nécessaire pour se préparer, ou s’étonner que les autres ne respectent pas les horaires à la minute près.

Des compétences exceptionnelles dans certains domaines

Environ 10% des personnes autistes présentent des « îlots de compétence » – des capacités remarquables dans un domaine spécifique comme la mémoire, le calcul mental, le dessin ou la musique. Même sans atteindre le niveau de « savant », beaucoup ont des talents particuliers liés à leur façon de traiter l’information.

Ces forces peuvent inclure une mémoire exceptionnelle pour les détails, une capacité à repérer des motifs invisibles pour les autres, ou une approche très analytique des problèmes. Reconnaître ces compétences est essentiel pour aider les personnes autistes à s’épanouir professionnellement et personnellement.

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