Le bore-out, ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, est un phénomène méconnu mais pourtant bien réel. Contrairement au burn-out qui résulte d’une surcharge de travail, le bore-out naît de l’ennui chronique, du manque de stimulation et de la sous-charge cognitive au travail. Pourtant, de nombreux mythes persistent autour de ce trouble psychologique. Dans cet article, nous démêlons le vrai du faux pour mieux comprendre les mécanismes, les conséquences et les solutions du bore-out.
📚 Table des matières
- ✅ Mythe n°1 : Le bore-out est moins grave que le burn-out
- ✅ Mythe n°2 : Seuls les employés paresseux souffrent de bore-out
- ✅ Mythe n°3 : Avoir peu de travail est une chance
- ✅ Mythe n°4 : Le bore-out ne touche que les métiers répétitifs
- ✅ Mythe n°5 : Il suffit de demander plus de travail pour résoudre le bore-out
- ✅ Réalité n°1 : Le bore-out provoque des dommages psychologiques profonds
- ✅ Réalité n°2 : Le bore-out est souvent caché par honte
- ✅ Réalité n°3 : Les entreprises ont un rôle clé dans la prévention
Mythe n°1 : Le bore-out est moins grave que le burn-out
Contrairement à une idée reçue, le bore-out n’est pas une version « light » du burn-out. Les études en psychologie du travail montrent que l’ennui chronique provoque des symptômes dépressifs aussi sévères que le surmenage. Une méta-analyse publiée dans le Journal of Occupational Health Psychology révèle que les victimes de bore-out présentent des taux élevés d’anxiété, de perte d’estime de soi et de troubles somatiques (maux de tête, insomnies). L’absence de stimulation cognitive entraîne une atrophie des compétences professionnelles, créant un cercle vicieux de dévalorisation.
Mythe n°2 : Seuls les employés paresseux souffrent de bore-out
Ce préjugé est particulièrement nocif. Le bore-out ne résulte pas d’un manque de motivation intrinsèque, mais d’une inadéquation entre les capacités d’un individu et les tâches qui lui sont confiées. Par exemple, un ingénieur recruté pour un poste à haute responsabilité mais cantonné à des tâches administratives basiques développera inévitablement un sentiment de frustration et d’inutilité. Les recherches du psychologue Peter Werder montrent que les victimes de bore-out sont souvent des profils ambitieux et compétents, privés d’opportunités de progression.
Mythe n°3 : Avoir peu de travail est une chance
Beaucoup considèrent la sous-charge professionnelle comme une situation enviable. En réalité, le cerveau humain a besoin d’un niveau optimal de stimulation pour fonctionner sainement (principe de la « charge cognitive adaptée »). Lorsque cet équilibre est rompu, plusieurs phénomènes se produisent : désengagement émotionnel (« présentéisme »), rumination mentale excessive, et dans 43% des cas selon une étude belge, stratégies actives de camouflage (simuler l’occupation pour masquer l’oisiveté). Ces comportements génèrent un stress paradoxal : épuisement malgré l’inaction.
Mythe n°4 : Le bore-out ne touche que les métiers répétitifs
Si les ouvriers d’usine ou les employés administratifs sont effectivement vulnérables, le bore-out concerne aussi les cadres supérieurs. Un rapport de l’INRS français identifie trois contextes à risque : les postes surqualifiés (27% des cas), les organisations en restructuration (34%) et les métiers créatifs soumis à une bureaucratie excessive (19%). L’exemple typique est celui des managers intermédiaires privés d’autonomie décisionnelle, obligés d’attendre des jours voire des semaines des validations hiérarchiques pour agir.
Mythe n°5 : Il suffit de demander plus de travail pour résoudre le bore-out
Cette solution simpliste ignore la complexité organisationnelle du phénomène. Dans 68% des cas documentés par la clinique du travail de Bordeaux, les salariés ont effectivement sollicité plus de missions – sans succès. Les causes profondes sont souvent structurelles : mauvaise répartition des tâches, management par la peur (certains chefs surchargent volontairement leurs « éléments performants » tout en négligeant les autres), ou manque de vision stratégique. Par ailleurs, la peur d’être licencié si l’entreprise prend conscience du « travail inutile » crée un tabou contre-productif.
Réalité n°1 : Le bore-out provoque des dommages psychologiques profonds
Les neurosciences ont démontré que l’ennui prolongé modifie la chimie cérébrale. Une étude IRM menée par l’Université de Munich montre une réduction de l’activité dans le cortex préfrontal (siège de la motivation) et une hyperactivation de l’amygdale (centre de l’anxiété). Cliniquement, cela se traduit par : perte de concentration (-40% en moyenne selon les tests cognitifs), syndrome dépressif réactionnel (32% des cas), et dans les situations extrêmes, comportements addictifs (alcool, jeux en ligne) pour combler le vide mental. Le Dr François Baumann parle d’ »anesthésie émotionnelle professionnelle ».
Réalité n°2 : Le bore-out est souvent caché par honte
Contrairement au burn-out qui bénéficie d’une certaine reconnaissance sociale, le bore-out reste tabou. Les enquêtes qualitatives révèlent que 82% des victimes n’osent pas en parler par crainte : d’être perçues comme incompétentes (54%), de subir des moqueries (23%), ou de provoquer un audit révélant la superfluité de leur poste (19%). Cette omerta aggrave l’isolement. Certains développent des stratégies élaborées pour simuler l’occupation : fichiers Excel factices, réunions inutiles programmées, ou même auto-sabotage ralenti (exécuter délibérément très lentement des tâches simples).
Réalité n°3 : Les entreprises ont un rôle clé dans la prévention
Des solutions organisationnelles existent : job crafting (redéfinition collaborative des postes), mentorat inversé (confier des missions transverses), ou mise en place de « banques de tâches » pour les périodes creuses. Psychologue du travail Marie Pezé recommande des audits réguliers du « sens au travail » via des indicateurs comme : le taux d’utilisation des compétences, la latitude décisionnelle, ou la variété des activités. En Finlande, le programme « Työpaikka Oivallus » a réduit de 37% les cas de bore-out grâce à des aménagements horaires individualisés et des cellules de médiation précoce.
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