Mythes et réalités à propos de ghosting

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Le ghosting, cette pratique qui consiste à rompre brutalement toute communication sans explication, est devenu un phénomène courant dans nos relations modernes. Que ce soit en amour, en amitié ou même dans le milieu professionnel, disparaître sans laisser de traces semble être une solution facile pour éviter les confrontations. Mais qu’en est-il vraiment ? Entre idées reçues et vérités psychologiques, plongeons dans les mythes et réalités qui entourent cette pratique déroutante.

📚 Table des matières

Mythes et réalités à propos de ghosting

Le ghosting est une pratique récente

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le ghosting n’est pas un phénomène né avec les applications de rencontre. Bien que le terme soit récent, la pratique elle-même existe depuis longtemps. Dans les siècles passés, on parlait de « disparaître » ou de « rompre sans explication ». La différence aujourd’hui réside dans la facilité avec laquelle on peut couper les ponts grâce aux technologies numériques. Les SMS non lus, les appels ignorés et les messages laissés en « vu » ont simplement modernisé une vieille habitude relationnelle.

Les psychologues soulignent que ce comportement trouve ses racines dans notre aversion naturelle pour les conflits. Une étude de 2018 publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships révèle que 25% des participants avaient déjà été victimes de ghosting, et 20% avouaient l’avoir pratiqué. Ces chiffres montrent que le phénomène est bien ancré dans nos interactions sociales contemporaines.

Ghosting = manque de courage

C’est l’un des mythes les plus répandus : les personnes qui ghostent seraient simplement lâches. La réalité est plus nuancée. Si dans certains cas, il s’agit effectivement d’éviter une confrontation difficile, d’autres motivations peuvent entrer en jeu. Certains individus ghostent par peur de blesser l’autre, pensant paradoxalement que disparaître serait moins douloureux qu’une explication franche.

La psychologue Jennice Vilhauer explique dans Psychology Today que le ghosting peut aussi être une réaction à des comportements perçus comme menaçants ou toxiques. Dans ces situations, couper tout contact devient un mécanisme d’autoprotection plutôt qu’un simple manque de courage. Il est donc essentiel de considérer le contexte avant de porter un jugement définitif sur les motivations du ghosteur.

Seuls les narcissiques ghostent

Autre idée reçue : seules les personnalités narcissiques ou toxiques auraient recours au ghosting. Bien qu’il soit vrai que certaines personnes manipulatrices utilisent cette technique pour maintenir un contrôle ou créer de l’incertitude, la majorité des ghosteurs ne présentent pas de trouble de la personnalité particulier.

Une recherche menée par l’Université de l’Illinois a démontré que le ghosting est souvent le résultat d’une combinaison de facteurs situationnels et personnels. Stress, surcharge émotionnelle, immaturité relationnelle ou simple incompatibilité peuvent pousser des individus sans pathologie particulière à choisir cette issue. Cela ne justifie pas le comportement, mais permet de le comprendre dans toute sa complexité.

Le ghosting est moins douloureux qu’une rupture classique

Beaucoup pensent que disparaître sans explication épargne la douleur à l’autre personne. En réalité, les études en psychologie sociale montrent exactement l’inverse. L’incertitude et le manque de clôture générés par le ghosting peuvent causer des dommages psychologiques plus profonds et plus durables qu’une rupture clairement exprimée.

Le Dr. Royette Dubar, professeur de psychologie, explique que notre cerveau a besoin de réponses pour tourner la page. Sans explication, la personne ghostée reste souvent bloquée dans un cycle de remise en question et de rumination mentale. Les effets peuvent inclure une baisse de l’estime de soi, de l’anxiété et même des symptômes dépressifs dans certains cas. Le ghosting laisse une blessure ouverte là où une rupture franche, aussi difficile soit-elle, permet au moins un processus de deuil relationnel.

On ghoste uniquement dans les relations amoureuses

Si le ghosting est souvent associé aux ruptures sentimentales, il touche en réalité tous les types de relations. Amitiés, relations professionnelles, collaborations diverses – aucun domaine n’est épargné. Dans le milieu du travail, on parle parfois de « ghosting professionnel » lorsqu’un candidat ou même un employé cesse soudainement de répondre aux communications.

Les réseaux sociaux ont également donné naissance à des formes plus subtiles de ghosting, comme le « slow ghosting » où la personne réduit progressivement ses interactions jusqu’à disparaître complètement. Ces comportements montrent que le phénomène dépasse largement le cadre des relations intimes et reflète une tendance plus large dans notre manière de gérer les conflits relationnels à l’ère numérique.

Comment réagir face au ghosting ?

Si vous avez été victime de ghosting, sachez que votre réaction est cruciale pour votre bien-être émotionnel. Voici quelques stratégies recommandées par les thérapeutes :

  • Évitez de harceler la personne : envoyer des messages répétés ne fera qu’augmenter votre frustration et son sentiment d’être sous pression.
  • Ne prenez pas cela personnellement : le ghosting en dit souvent plus sur la personne qui ghoste que sur vous.
  • Créez votre propre clôture : écrivez une lettre (que vous n’enverrez pas) pour exprimer ce que vous ressentez et tournez la page symboliquement.
  • Parlez-en à des proches : le soutien social est essentiel pour surmonter ce type d’épreuve relationnelle.
  • Considérez cela comme un filtre : une personne qui ghoste montre son incapacité à gérer les conflits, ce qui n’en fait pas un partenaire relationnel fiable à long terme.

Si vous êtes tenté de ghoster quelqu’un, réfléchissez aux conséquences potentielles. Une courte explication, même difficile à formuler, est généralement préférable au silence total. Comme le souligne la thérapeute relationnelle Esther Perel : « La manière dont nous terminons une relation en dit long sur notre maturité émotionnelle. »

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