Que dit la science à propos de EMDR ?

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L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) est une thérapie qui suscite autant d’intérêt que de questions dans le monde de la psychologie. Utilisée principalement pour traiter les traumatismes, cette méthode repose sur des mouvements oculaires ou d’autres stimulations bilatérales pour aider le cerveau à retraiter les souvenirs douloureux. Mais que dit vraiment la science à ce sujet ? Cet article explore en profondeur les recherches, les mécanismes et les applications de l’EMDR, en s’appuyant sur des études récentes et des analyses d’experts.

📚 Table des matières

Que dit la science

Qu’est-ce que l’EMDR ?

L’EMDR est une approche psychothérapeutique développée à la fin des années 1980 par la psychologue américaine Francine Shapiro. Elle vise à traiter les souvenirs traumatiques non résolus, souvent à l’origine de troubles comme le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). La méthode repose sur une stimulation bilatérale alternée (mouvements oculaires, tapotements ou sons) pendant que le patient se concentre sur le souvenir traumatique. L’objectif est de faciliter le retraitement de ce souvenir pour réduire sa charge émotionnelle négative.

Contrairement aux thérapies traditionnelles qui reposent sur la verbalisation, l’EMDR agit directement sur la mémoire traumatique en activant les mécanismes naturels de guérison du cerveau. Les séances sont structurées en huit phases, incluant l’évaluation, la désensibilisation et la consolidation des résultats.

Les origines et le développement de l’EMDR

Francine Shapiro a découvert l’EMDR presque par accident en 1987, en remarquant que ses propres pensées négatives semblaient s’atténuer lorsqu’elle effectuait des mouvements oculaires rapides. Elle a ensuite formalisé la méthode et mené des études pour valider son efficacité. Dès 1989, ses premières recherches ont montré des résultats prometteurs chez des vétérans souffrant de SSPT.

Au fil des années, l’EMDR a gagné en reconnaissance, notamment grâce à son inclusion dans les recommandations de l’OMS et de l’American Psychological Association (APA) pour le traitement des traumatismes. Aujourd’hui, elle est pratiquée dans le monde entier et adaptée à divers troubles, comme les phobies ou les troubles anxieux.

Les mécanismes scientifiques derrière l’EMDR

Comment fonctionne l’EMDR au niveau neurologique ? Plusieurs hypothèses existent. La plus répandue suggère que les stimulations bilatérales activent les mêmes mécanismes que ceux du sommeil paradoxal, une phase où le cerveau traite les émotions et les souvenirs. Cela permettrait de « débloquer » les souvenirs traumatiques stockés de manière dysfonctionnelle.

Des études en neuro-imagerie montrent que l’EMDR modifie l’activité de l’amygdale (siège des émotions) et du cortex préfrontal (régulation des émotions). Une recherche publiée dans Frontiers in Psychology (2021) a observé une réduction significative de l’hyperactivité amygdalienne chez les patients après un traitement EMDR.

L’efficacité de l’EMDR selon les études

Plusieurs méta-analyses confirment l’efficacité de l’EMDR. Une étude de Bisson et al. (2013) a comparé l’EMDR à d’autres thérapies et a conclu qu’elle était aussi efficace que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour le SSPT. Une autre méta-analyse (Chen et al., 2018) a montré que 77 % des patients ne répondaient plus aux critères du SSPT après 3 à 6 séances.

Cependant, des critiques soulignent que les mécanismes précis restent mal compris et que certains effets pourraient être attribués à des facteurs non spécifiques, comme la relation thérapeutique.

Les applications cliniques de l’EMDR

Initialement conçue pour le SSPT, l’EMDR est désormais utilisée pour :

  • Les traumatismes complexes (abus, violences)
  • Les troubles anxieux et les phobies
  • Les dépressions résistantes
  • Les douleurs chroniques d’origine psychosomatique

Un cas clinique notable concerne des survivants d’attentats, chez qui l’EMDR a permis une réduction rapide des flashbacks et de l’hypervigilance.

Les critiques et limites de l’EMDR

Malgré son succès, l’EMDR n’est pas sans controverse. Certains chercheurs, comme James Herbert, soulignent le manque de preuves solides sur la nécessité des mouvements oculaires. D’autres études suggèrent que l’exposition imaginale (sans stimulation bilatérale) pourrait donner des résultats similaires.

De plus, l’EMDR peut provoquer une augmentation temporaire de la détresse chez certains patients, nécessitant un suivi rigoureux.

EMDR vs. autres thérapies : comparaison scientifique

Comparée à la TCC, l’EMDR obtient des résultats équivalents mais parfois plus rapidement. Une étude de Rothbaum et al. (2005) a montré que 90 % des patients traités par EMDR voyaient leurs symptômes diminuer de moitié en trois séances, contre six séances pour la TCC. En revanche, la TCC est mieux documentée pour d’autres troubles comme les TOC.

Contrairement aux thérapies psychodynamiques, l’EMDR se concentre moins sur l’analyse des causes que sur la résolution des symptômes, ce qui peut la rendre plus accessible à certains patients.

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