La thérapie systémique est une approche psychologique fascinante qui considère l’individu dans son environnement relationnel. Contrairement aux thérapies traditionnelles centrées sur la personne, elle explore les dynamiques familiales, professionnelles ou sociales pour résoudre les problèmes. Mais à qui s’adresse-t-elle réellement ? Dans quels cas est-elle la plus efficace ? Plongeons dans les méandres de cette méthode thérapeutique puissante.
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Qu’est-ce que la thérapie systémique ?
Née dans les années 1950 sous l’impulsion de Gregory Bateson et de l’École de Palo Alto, la thérapie systémique repose sur un postulat révolutionnaire : les difficultés psychologiques d’un individu ne peuvent être comprises isolément. Elles s’inscrivent toujours dans un système relationnel – famille, couple, équipe professionnelle – où chaque membre influence les autres selon des schémas souvent invisibles.
Contrairement à la psychanalyse qui explore le passé individuel, la systémique observe les interactions présentes. Par exemple, un adolescent rebelle peut en réalité exprimer les tensions non résolues entre ses parents. Le thérapeute systémique agit comme un « décrypteur » de ces jeux relationnels complexes.
Les principes fondamentaux de l’approche systémique
1. La circularité : Abandonnant la causalité linéaire (A cause B), la systémique considère que les comportements s’influencent mutuellement dans une boucle sans début ni fin. Une mère surprotectrice rend son enfant dépendant, ce qui renforce sa surprotection.
2. L’homéostasie : Les systèmes tendent à maintenir leur équilibre, même malsain. Une famille peut inconsciemment « saboter » l’amélioration d’un membre pour préserver son fonctionnement habituel.
3. Les frontières : Trop rigides (famille repliée) ou trop poreuses (intrusion permanente), elles génèrent des pathologies relationnelles. La thérapie aide à les réajuster.
Pour qui est-elle recommandée ?
La thérapie systémique convient particulièrement :
– Familles en crise : Conflits parentaux, rivalités fraternelles, recompositions familiales difficiles. Elle permet de désamorcer les « jeux de pouvoir » invisibles.
– Couples : Communication rompue, infidélité, déséquilibres dans la relation. La systémique révèle les « contrats implicites » non respectés.
– Enfants/ados : Troubles du comportement, échec scolaire, qui souvent masquent des tensions familiales. Le travail avec les parents est central.
– Groupes professionnels : Conflits d’équipe, management toxique. Elle analyse les dynamiques hiérarchiques dysfonctionnelles.
Les problèmes traités par la systémique
1. Conflits relationnels chroniques : Ces disputes répétitives qui semblent sans issue trouvent souvent leur origine dans des schémas interactionnels figés.
2. Troubles alimentaires : L’anorexie d’une adolescente peut par exemple maintenir l’attention des parents sur elle plutôt que sur leurs propres problèmes conjugaux.
3. Addictions : La consommation d’un membre peut servir à éviter d’affronter d’autres tensions familiales.
4. Dépression contextuelle : Quand elle résulte d’un système relationnel étouffant ou disqualifiant.
Comment se déroule une séance ?
Typiquement, le thérapeute systémique :
– Observe d’abord : Il invite la famille ou le couple à interagir naturellement, repérant les non-dits, les alliances cachées, les interruptions systématiques.
– Recadre : Il reformule les problèmes pour en changer la perception. « Votre fils n’est pas paresseux, il protège sa mère en vous occupant toute la journée. »
– Propose des tâches : Comme un rituel où l’enfant décide du menu familial chaque mercredi, redistribuant ainsi les rôles.
Les différentes techniques utilisées
1. Le génogramme : Arbre généalogique enrichi des relations émotionnelles, révélant les répétitions transgénérationnelles.
2. La prescription de symptôme : Paradoxalement demander de maintenir le problème pour en briser le fonctionnement automatique.
3. Le recadrage positif : Montrer comment un comportement apparemment négatif peut avoir une fonction protectrice pour le système.
Durée et efficacité : ce qu’il faut savoir
Contrairement aux idées reçues, la thérapie systémique est souvent brève (10 à 20 séances). Son efficacité est particulièrement démontrée pour :
– Réduire les rechutes dans les troubles alimentaires (60% de mieux que les approches individuelles selon une étude de l’INSERM).
– Désamorcer les conflits familiaux avec 75% d’amélioration rapportée après 6 mois.
– Prévenir la transmission intergénérationnelle des traumatismes en travaillant sur les « secrets de famille ».
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